EDITORIAUX
DE LUC MICHEL

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EDITORIAL DU 07 OCTOBRE 2003
LE QUOTIDIEN DU PCN - N° 765
L'AGRESSION AMERICANO-SIONISTE
EST UNE GUERRE IDEOLOGIQUE
CONTRE LE NATIONALISME ARABE :
APRES BAGDAD, DAMAS ET TRIPOLI
SONT EN LIGNE DE MIRE !
Les vautours du régime de Bush ne
sont pas allés en Irak uniquement pour les dollars du pétrole et du
pillage – la soi-disant « reconstruction » du pays. Ils sont
là aussi, et surtout, pour des motifs idéologiques. Ceux des néo-conservateurs
yankee, alliance sulfureuse des extrême-droites yankee, sioniste et
israélienne.
La Guerre d’agression contre
l’Irak ba’athiste était aussi une Guerre pour Israël, qui en
retire aujourd’hui tous les avantages stratégiques.
ISRAËL A TIRE LE PREMIER COUP DE SEMONCE
DU NOUVEAU MONDE REGIONAL ENGENDRE PAR LES ETATS-UNIS
Le raid terroriste de l’Aviation
sioniste – qui a aussi violé l’espace aérien libanais - contre des
camps de réfugiés civils palestiniens en Syrie nous le démontre une
fois de plus. Symboliquement, les avions israéliens ont mené leur première
opération en Syrie depuis plus de vingt ans le jour même du trentième
anniversaire de la guerre du Kippour, au début de laquelle les chars
syriens avaient bousculé les forces israéliennes.
« Les bombes lancées hier
rappellent à la Syrie que le monde a changé, commente fort justement
« LE FIGARO ». Damas, qui avait pris fait et cause pour
Saddam Hussein et condamné «l'offensive satanique des Américains»,
vient de faire l'expérience concrète de son nouvel environnement. Un
grand vide s'est ouvert à l'Est. En attendant la stabilisation de l'Irak,
la chute de Saddam complète l'encerclement de la Syrie, déjà encadrée
par deux Etats hostiles, Israël au sud et la Turquie au nord. Damas se
retrouve soudain dans un club d'Etats «radicaux» rétréci, en compagnie
de la Libye et de l'Iran. Une situation optimale pour Israël, qui a tiré
le premier coup de semonce du nouveau monde régional engendré par les
Etats-Unis. Et sans doute avec leur accord. »
UNE TENTATIVE AMERICANO-ISRAELIENNE POUR FAIRE INSTALLER
UNE IDEOLOGIE PROCHE-ORIENTALE EN SUBSTITUT A L'IDEOLOGIE
DU NATIONALISME ARABE
Comme le soulignait récemment «
AL-AHRAM HEBDO », la guerre coloniale contre l’Irak est « une
tentative américano-israélienne pour faire installer une idéologie
proche-orientale en substitut à l'idéologie du nationalisme arabe ».
« La politique américano-israélienne
au Proche-Orient est fondée sur l'hostilité envers le nationalisme
arabe, doctrine qui considère que les Arabophones forment une nation
unique, et non une collection d'États, qui doit s'affranchir de la
tutelle étrangère », précisait Edward Saïd, professeur à
l'Université de Columbia à New-York, dans « DAR AL HAYAT ».
Ce nationalisme arabe, révolutionnaire,
laïque, unitaire et anti-sioniste qu’incarne le Ba’ath, dans
ses versions syrienne ou irakienne. Ou encore aux yeux de Washington
la Libye de Kadhafi, bien que le guide de la Révolution libyenne
se soit réorienté aujourd’hui avec succès vers le pan-africanisme.
Face à ce qu’ils nomment « l’idéologie
arabe », les néo-conservateurs qui dirigent la politique du régime
Bush prônent la « démocratie ». Mais veulent dans la pratique
instaurer une balkanisation du Proche-Orient, livré aux fanatismes
religieux (contre lesquels les états nationalistes révolutionnaires
arabes sont le meilleur remède) – notamment celui des fondamentalistes
chiites, alliés objectifs de Washington depuis les Années 80 - et aux
guerres civiles. Un monde arabe fragmenté et impuissant est en effet la
meilleure garantie de pérennité pour l’hégémonie américano-sioniste
dans la région.
L’IRAK N’EST QUE LA PREMIERE PARTIE
D’UNE OFFENSIVE GENERALISEE CONTRE LE MONDE ARABE
La destruction de l’Irak
ba’athiste, cette « Prusse du Proche-Orient », était le
premier objectif de Washington. Mais il ne s’agit là que d’un début.
Le général Wesley Clark, le boucher des Balkans qui s’y connaît en
guerre d’agression, avoue que la politique de Bush « vise sept pays
». « Notre chemin commence à Bagdad » est le titre
cynique du livre-programme de Bill Kristol, le chef de file des néo-conservateurs.
Un livre d’intentions, comme l’était « Mein Kampf » pour les Nazis.
Les prochaines cibles de
Washington sont connues. Il suffit de lire la presse américaine ou
sioniste – c’est souvent la même - : il s’agit de Damas et de
Tripoli. Chaque semaine, comme ce fut le cas pour l’Irak, de
nouveaux mensonges sont proférés, de nouvelles provocations organisées
contre ces deux pays.
Comme le précise l'éditorialiste de
« AL HAYAT », quotidien arabe de Londres, « la guerre israélo-américaine
contre la Syrie ne fait que commencer » ! Il ajoute que « Le
plan était déjà préparé et Israël n'attendait qu'une occasion pour
s'attaquer à la Syrie ».
« AL HAYAT » précise aussi que « maintenant
qu'Israël peut bénéficier de ses acquis stratégiques avec l'occupation
américaine de l'Irak, il commence à élargir le cercle de la
confrontation en s'attaquant à la Syrie. Probablement, estime le
quotidien, Israël poursuivra ses agressions contre le Liban et l'Iran. L'État
hébreu s'attaque à tous les pays où se trouvent des Palestiniens. Mais
cette politique n'a pas produit le succès escompté (…) En tout état
de cause, s'en prendre à la Syrie est un danger qu'il faut prendre au sérieux.
Car Israël vise, à travers son raid, à consacrer une nouvelle donne
dans la région. Il s'appuie sur les revendications américaines à l'égard
de Damas portant sur la nécessité de fermer les bases palestiniennes »
(…) maintenant, on comprend mieux pourquoi les choses se sont précipitées
depuis les révélations sur les espions de Guantanamo, leurs liens supposés
avec Damas, et l'évocation de centaines de combattants arabes qui déferlent
sur l'Irak via le territoire syrien. Ce qui signifie que la guerre israélo-américaine
contre la Syrie ne fait que commencer. Ce qui prouve également que les
sanctions contre la Syrie, dans le cadre du Syria Accountability Act,
seront cette fois effectives et non plus de simples menaces ». « AL
HAYAT » conclut que « ce calendrier est conforme à l'agenda des
faucons de l'administration américaine qui cherchent une sortie de
secours depuis l'échec de leur politique en Irak ».
LA RESISTANCE NATIONALISTE ARABE QUE
L’ON N’ATTENDAIT PAS A WASHINGTON !
Un seul écueil pour les plans américains
: la résistance ba’athiste irakienne imprévue. Et pourtant très
prévisible – nous l’annoncions dès la chute de Bagdad par trahison -
pour ceux qui connaissaient le véritable Parti Ba’ath. Car l’
« idéologie panarabe » que détestent tant yankee et sionistes,
résiste. Et a toujours été la seule force de résistance réelle aux
menées impérialistes au Proche-Orient. Le Ba’ath, ce phénix politique
dont le nom même signifie en arabe « résurrection »,
s’est en effet révélé un adversaire plus coriace que prévu pour les
charognards américano-sionistes. Aujourd’hui la guerilla
ba’athiste, l’ « Intifada de Saddam » - dixit un
rapport de la CIA-, met en échec la politique néocoloniale yankee.
En s’attaquant au Ba’ath
syrien, tout aussi résolu que son jumeau irakien, Washington peut
s’attendre à de nouvelles déconvenues.
Nos camarades syriens du quotidien «
AL BA’ATH » soulignent dans leur éditorial de ce 6 octobre que la coïncidence
entre « la commémoration de la victoire arabe du 6 octobre 1973 et le
raid israélien contre le territoire syrien, prouvent, si besoin était,
la nécessité de renforcer l'esprit d'Octobre. (…) Car la victoire en
1973 n'aurait pas eu lieu sans la coopération, la concertation et l'unité
des Arabes. Aujourd'hui, la situation nécessite le renforcement de
l'esprit militant et résistant né de la victoire de 1973… ». Ils
en appellent à « la solidarité arabe, actuellement plus nécessaire que
jamais ».
Quant aux patriotes européens,
arabes ou africains, au PCN comme ailleurs, leur devoir est de soutenir
sans réserve les pays de la ligne de Front, Syrie et Libye, et les Résistances
irakienne et palestinienne.
Aujourd’hui
plus que jamais, le front de la Cause des Peuples passe par le
Proche-Orient.
Luc MICHEL
(sources et origines des
citations : Al-Ba’ath (Syrie), AP, Reuters, Teshreen (Syrie), Le Figaro,
Al-Ahram Hebdo, Dar Al Hayat)
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