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EDITORIAUX
DE LUC MICHEL


EDITORIAL DU 02 AVRIL 2004
EMISSION RADIO PCN

L’AXE AMERICANO-SIONISTE, C’EST LA HAINE,
LA GUERRE ET LE VERITABLE TERRORISME

« Peu importe ce que monde entier peut penser de nous. 
Ce qui compte c’est comment réagiront les Arabes » (Ben Gourion, 1953)
« Eretz Israël appartient au peuple d’Israël et à lui seul » (Yitzhak Shamir, 1989) 

Aujourd’hui la situation au Proche-Orient est claire. Les Sionistes, dominés par l’extrême-droite israélienne, ne veulent nullement la paix. Et Washington a perdu toute autorité morale – pour peu qu’il en ait jamais eu une – pour cautionner le processus de paix. Le débat politique des présidentielles américaines a par ailleurs  brisé toute pudeur à ce sujet : « La cause d'Israël, c'est la cause des États-Unis », affirme crûment John Kerry, rival démocrate de Bush et enfant chéri d’une certaine gauche européenne.

La complicité étroite entre le colonialisme sioniste et l’impérialisme yankee est éclairée par la position des Etats-Unis au Conseil de Sécurité, où ils ont empêché l'adoption par le Conseil d'une résolution condamnant Israël pour son assassinat de Ahmad Yassine, méprisant ainsi les sentiments et la colère des Arabes et la position internationale unanime à dénoncer ce crime.

Des sources européennes bien informées affirment aujourd’hui que l'assassinat du fondateur du Mouvement de résistance palestinien « Hamas », Ahmad Yassine, était intervenue à la suite « d'un accord secret » entre le gouvernement israélien et l'administration américaine. Ces mêmes sources précisent, dans un entretien accordé au journal saoudien « al-Wattan » que « plusieurs pays européens avaient tenu à avertir les dirigeants de Hamas en leur affirmant détenir de nouveaux renseignements précis sur cet accord qui prévoit l'emploi de la force militaire pour affaiblir le mouvement "même si cela impliquerait la liquidation physique d'un certain nombre de ses dirigeants et de dirigeants d'autres organisations palestiniennes"… ».

Les mêmes sources ont révélé que Cheikh Yassine avait informé certains milieux européens, quelques semaines avant son assassinat, que « son mouvement était prêt à parvenir à un règlement provisoire avec Israël, à condition que l'Etat palestinien soit proclamé, avec Jérusalem pour capitale, sur le sol de la Cisjordanie et de Gaza, dans les frontières de 1967, et que le droit des réfugiés palestiniens au retour soit garanti (…) Quant aux autres territoires palestiniens sur lesquels s'est établi Israël, Cheikh Yassine avait indiqué qu'il les laissait au soin des nouvelles générations et de l'histoire ». 

Cette nouvelle attitude souple du « Hamas » n'était évidemment pas au gré de l'Amérique et d'Israël. En effet, la Droite israélienne avait toujours favorisé l’émergence du « Hamas », perçu comme force islamiste capable d’affaiblir les nationalistes révolutionnaires des autres forces de la Résistance palestinienne, issues du nationalisme arabe laïc et progressiste (1). D’autre part, le « Hamas », cantonné à l’action violente, servait de repoussoir à l’opinion publique israélienne.

L’assassinat du leader du « Hamas » est aussi révélateur de la haine profonde qui anime aujourd’hui l’idéologie sioniste. Il y a quelques jours encore, la presse sioniste se déchainait contre l’humoriste français Dieudonné, coupable d’avoir dénoncé l’Axe américano-sioniste et suivant ses censeurs de « propager la haine ».

Mais qui propage la haine sinon les sionistes ?

Dans « Actualité Juive » (Paris, n° 838, 25 mars 2004), publication honorable où collabore notamment le politologue antifasciste Jean-Yves Camus, bien connu de nos auditeurs, l’éditorialiste Serge Benattar affirme en pleine page et à la Une, gros titre à l’appui, que l’assassinat de Yassine est un « droit national ». Justifiant les « éliminations ciblées », il affirme que « Le monde devrait se féliciter à chaque fois qu’un terroriste est mis hors d’état de nuire. Si les Israéliens font le sale boulot, pour eux, mais aussi pour les autres, que l’on cesse de leur reprocher que leurs mains sont souillées ».

Autre media sioniste « respectable » : « Proche-Orient infos ». Son éditorialiste Elisabeth Schemla écrit ce qui suit (22 mars 2004) : « on ne voit vraiment pas au nom de quoi on refuserait à un pays en guerre le droit de se défendre, notamment en s'en prenant à la tête pensante d'une stratégie de la terreur. On devrait au contraire porter à son crédit de ne pas taper aveuglément en se livrant à de sauvages punitions collectives, telles que les affectionne par exemple un dirigeant européen estimé par ses pairs, Vladimir Poutine, pour n'évoquer que ce nom là ».  Elisabeth Schemla, qui prétend faire de son site une référence, devrait mieux se documenter. Car ces punitions collectives, interdites par la Convention de Genève, sont le lot quotidien en Palestine occupée, où l’armée d’occupation sioniste s’en prend systématiquement aux familles des combattants palestiniens, notamment par la destruction de leurs maisons (2).

Relevons la remarque sur Poutine coupable de s’en prendre, lui, à de bons islamistes, soutenus par Washington pour diviser la Russie et implanter un nouveau foyer de guerre en Europe, tactiques déjà développées avec le succès que l’on sait en Bosnie et au Kosovo. Où le Ba’athiste laïc Saddam Hussein soutenait les Serbes …

A noter que le même éditorial reproche à l’Autorité palestinienne de se « refuser à la guerre civile » contre les composantes islamiques de la Résistance palestinienne.

Sur le même site sioniste, Marc Tobiass salue « la nouvelle politique de fermeté décidée par Sharon » et déplore que « cette politique est une fois de plus contre-carrée par les chancelleries occidentales ».

On notera que ces déclarations, qui n’émeuvent guère nos media, ne sont pas le fait de brûlots sionistes marginaux mais de publications en vue.

Et qu’elles ne font qu’adopter le ton des publications sionistes anglophones. Ainsi, l’ « expert » israélien Uri Dromi déclare ce qui suit dans le « International Herald Tribune » (24 mars 2004) : « Comment Israël est-il censé combattre le terrorisme autrement ? (…)Le seul Britannique que j'écouterai est le célèbre expert en contre insurrection Sir Robert Thompson, qui affirmait qu'il ne fallait pas perdre de temps à affronter les guérillas, mais qu'il fallait abattre leurs dirigeants ».

Ces journalistes sionistes ont oublié que le terrorisme de masse est une invention de l’extrême-droite sioniste.

Jusque là, l’action directe visait les centres et les personnalités du pouvoir ou des forces d’occupation. Telle était la conception de Mickaël Collins le fondateur de l’IRA. Ou encore celles des « Populistes » russes d’avant 1917. Le terrorisme de masse, lui, fait son apparition avec l’attentat sioniste contre l’Hôtel King David à Jérusalem en juillet 1946 (48 morts, 76 disparus, 58 blessés). Et il accompagnera la guerre sioniste jusqu’a ce que la terreur chasse les Palestiniens de leur terre. Ce terrorisme est le fait des organisations dites « extrémistes » comme l’Irgun ou le groupe Stern. Mais aussi des forces auxiliaires de la Haganah (d’où est issue Tsahal, l’armée d’occupation sioniste) le Palmach. Il culminera avec le massacre volontaire – dans le but de faire fuir les Palestiniens - des habitants arabes du village de Deir Yassine en 1948, l’ « Oradour palestinien ». De ses terroristes, notamment les Begin, chef de l’Irgun, et les Shamir, chef du Stern, Israël fera ses plus éminents dirigeants.

Et dès 1948, Tsahal, la mal nommée, incorporait les groupes terroristes dans ses rangs. En 1953, Tsahal crée une unité secrète – l’ « Unité 101 » - chargée des « représailles » et des « expéditions punitives » en terre arabe, et commandées, déjà, par un certain Ariel Sharon, officier sioniste qui promettait. Bien avant Sabra et Chatilla, elle mènera notamment un raid de terreur contre le village jordanien de Kibya en octobre 1953. Bilan 69 morts, en majorité civils, « des femmes, des veillards et des enfants », écrasés sous les décombres du village rasé par 600 Kg de TNT. Ben Gourion déclare alors à Sharon : « Peu importe ce que monde entier peut penser de nous. Ce qui compte c’est comment réagiront les Arabes. De ce point de vue l’opération est un succès » !

L’Entité sioniste est issue de ce terrorisme. Et par un retour de flammes dont l’Histoire est coutumière, il vacille aujourd’hui sous les coups d’une méthode de guerre qu’il a initiée.

Le Sionisme a sombré dans une paranoia haineuse, qui entend étendre au champs de toute la planète ses obsessions et sa guerre coloniale. Il est incompatible avec la Paix et la fraternité. Sa logique est celle du « choc des civilisations » (3), théorie belliciste développée par les stratèges du Pentagone pour justifier l’hégémonie planétaire de Washington. Les liens étroits qui unissent l’establishment de la Droite israélienne et les néo-conservateurs américains ne sont pas fortuits ou conjoncturels. Ils reposent sur la même base idéologique.

Luc MICHEL 

 

Notes :

(1) « La répétition du cycle attentat-répression provoquerait alors l'effondrement non seulement de l'Autorité palestinienne d'autonomie, mais, au-delà, du cadre institutionnel d'expression de la revendication nationale palestinienne dont elle procède, l'Organisation de libération de la Palestine (OLP). Ce serait la mort du projet politique de la coexistence entre deux États porté par l'OLP à travers ses évolutions des trente dernières années. En supprimant le chef du Hamas, Israël aura du même coup condamné le nationalisme palestinien et promu l'islamisme comme nouvel étendard de la revendication identitaire palestinienne », analyse non sans pertinence Jean-François LEGRAIN, Chercheur au CNRS et Auteur du Guide de Palestine-sur-Web (http ://www.mom.fr/guides) dans « LE TEMPS » (Genève, 29 mars 2004).

(2) « depuis l'an 2000 plus de 1000 habitations palestiniennes ont été détruites en Cisjordanie et à Jérusalem Est. Les cultures agricoles des Palestiniens, elles aussi, sont détruites », précise la député britannique Shirley Williams dans le « International Herald Tribune » (23 mars 2004).

(3) Lire : Luc MICHEL, « Le "Choc des Civilisations" de Samuel Huntington : une théorie fallacieuse qui ne vise qu'à justifier les agressions américaines »

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