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EDITORIAUX
DE LUC MICHEL


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EDITORIAL DU 22 AVRIL 2004
EMISSION RADIO PCN

APRES LA "NOUVELLE DECLARATION
BALFOUR" DE WASHINGTON :
LA COURSE A L'ABIME DE L'AXE
AMERICANO-SIONISTE AU PROCHE-ORIENT

A propos de l’Axe américano-sioniste, on peut aujourd’hui parler non plus d’alliance mais bien d’osmose. Quant à savoir qui dirige l’Axe, la façon dont Ariel Sharon a notifié son nouveau plan colonial à Bush appelle de nombreuses questions.

Reprenant l’initiative pour repousser la paix, Ariel Sharon entend redéployer Tsahal, la mal nommée, à l’abris du « mur » qui concrétise l’apartheid sioniste. Présentée comme un « retrait », cette manœuvre achève l’annexion de territoires palestiniens. Elle à pour but d’empêcher toute communication entre la Cisjordanie et Gaza pour fractionner un éventuel futur État palestinien. Elle s’accompagne de mesures visant à séparer les populations selon des critères religieux, à base ethnique et raciste.

Décidé unilatéralement, ce plan a été notifié par le général Sharon au président Bush alors que celui-ci, en pleine campagne électorale, n’est pas en position de s’y opposer. En effet, le poids des lobbies sionistes, dont le surpuissant AIPAC, est déterminant dans la course à la Maison blanche. Et Bush est de plus confronté à un candidat démocrate, John Kerry, qui affirme bruyamment et ses convictions sionistes et ses origines juives.

Le poids du « Lobby juif », comme le nomme eux-mêmes les Sionistes, est-il une réalité de la politique américaine ou le fantasme pervers du délire antisémite ?

REGARDS, alors « hebdomadaire juif de Belgique », publié à Bruxelles par le « Centre Communautaire Laïc Juif », répondait sans complexe à cette question et titrait à la Une sur « le lobby juif » dans son édition du 19 mars 1982, évoquant le dit lobby. « Le lobby juif aux Etats-Unis », nous expliquait REGARDS, « On en parle beaucoup, comme si son influence expliquait toute la politique étrangère des Etats-Unis. On prend rarement la peine de le décrire et d’analyser son poids véritable. (…) Dans plusieurs Etats, les électeurs juifs peuvent faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre. De New-York à la Californie, en passant par la Floride, l’Illinois, la Pennsylvanie, les experts estiment que les Juifs ont entre leurs mains 212 des 538 votes du collège électoral qui désigne finalement le président des Etats-Unis (...) ».

Ceci explique la passivité de Bush face au « plan » de Sharon.

« Le plan de retrait unilatéral israélien est avant tout une réaction du gouvernement Sharon aux divers plans de paix », analyse le Quotidien VOLTAIRE. « Coincée entre la Feuille de route, qui ne mène nulle part, et l’Accord de Genève (de décembre 2003), qui prouve l’existence d’une volonté palestinienne de négocier, l’administration Sharon se doit de réagir ».

Derrière le plan Sharon se profile une formidable opération de propagande sioniste : « l’expression « retrait » donne l’impression d’une concession généreuse alors qu’elle désigne un redéploiement militaire visant à confirmer une annexion (…) permettant à Israël de s’assurer le contrôle d’une bonne partie des territoires occupés, tout en se retirant des zones les moins défendables. Ariel Sharon fixe une ligne pour délimiter l’ampleur des manœuvres militaires : ce sera le « mur de séparation », qui permet à l’État hébreu d’annexer de façon concrète et en toute illégalité, une importante « zone tampon » qui consolide sa position stratégique (…) Tsahal abandonne ainsi ses positions les plus vulnérables, et concentre ses forces autour de la nouvelle frontière d’Israël, qui grignote d’importantes parcelles de territoires palestiniens. Le tout en continuant de revendiquer le droit d’intervenir militairement en Cisjordanie, sous couvert de lutte contre le terrorisme ou de lutte contre le trafic d’armes. Ce qui est militairement bien plus confortable ».

Le monde arabe a réagi avec stupeur au feu vert du président américain au plan du premier ministre israélien d’évacuation de Gaza et de maintien des colonies en Cisjordanie qui remet en cause les frontières de 1967. Visiblement remonté, Yasser Arafat a rejeté le soutien américain au plan israélien et averti que la paix ne pourrait être instaurée entre Israël et les Palestiniens sans « la fin totale » de la colonisation et de l’occupation. Il a proclamé le « droit des réfugiés palestiniens à retourner dans leur patrie ».

Mais Washington n’en a cure. Bush a jugé en effet « irréaliste » le retour d’Israël à ses frontières de 1949, une position qui ouvre la voie à une modification des frontières établies avant la guerre israélo-arabe de juin 1967, auxquelles se réfère la résolution 242 du Conseil de sécurité de l’ONU, base jusqu’à présent de tous les plans de règlement du conflit. Il a jugé que les réfugiés palestiniens devraient s’installer dans le futur Etat palestinien, sans possibilité de retour en Israël. Bush a donc donné le coup de grâce à la « feuille de route », le dernier plan international du règlement du conflit.

« Bush est entré hier dans l’histoire en devenant le premier président américain à légitimer la colonisation (...) et en demandant publiquement aux Palestiniens de renoncer au droit au retour des réfugiés », écrit le quotidien AL-HAYAT AL-JADIDA de l’Autorité palestinienne.

La Ligue arabe a vigoureusement dénoncé les propos du président américain. « Aucun Etat n’a le droit, notamment s’il s’agit d’un médiateur, de renoncer aux droits concernant le peuple palestinien, son territoire ou son avenir », a déclaré le porte-parole de la Ligue, Hossam Zaki.

Le président libanais, Emile Lahoud, a estimé qu’ils constituent « un choc violent pour tous ceux qui croient en la paix au Proche-Orient », soulignant qu’elles auraient « des retombées dangereuses (...) dont le recours à la force pour la récupération des droits ».

En Syrie, le journal AL-BAAS, a estimé que les déclarations du président américain « ferment la porte au processus de paix » israélo-arabe, mettant en avant le fait qu’elles ont été faites « en un moment de période électorale » aux Etats-Unis.

RADIO-DAMAS critique pour sa part la position du président américain, affirmant que « l’appel du président américain aux Palestiniens à renoncer à leur droit au retour et y à admettre l’occupation comme étant un fait accompli, or il est illogique qu’Israël retourne aux lignes d’avant le 5 juin 1967 ». Comme le relèvent fort justement nos cdes ba’athistes, la position de Bush « reflète l’alignement aveugle de celui-ci sur Israël et sur la politique de Sharon qui a trouvé, lui-même, dans les propos de Bush une nouvelle déclaration de Balfour ».

Le commentateur de RADIO-DAMAS, ironisant sur les propos de Bush qui qualifiaient le plan de désengagement unilatéral avec les Palestiniens de « pas courageux et historique » (sic), affirme que « l’appui du président Bush à Sharon et le feu vert qu’il lui a donné pour accomplir son plan, fait de Washington une partie prenante dans le conflit arabo-israélien, met fin au processus de paix et aux références de Madrid, et met les Arabes devant l’enjeu d’affronter l’occupation par la force ».

Comme le souligne LE NOUVEL OBSERVATEUR (Paris), nous assistons à « Une course folle vers l’abîme ».

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