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EDITORIAUX EDITORIAL DU 16 MAI 2004 56e ANNIVERSAIRE DE LA "NAKBA" : Ce 15 mai, le Peuple palestiniens, et tous les amis de la Palestine libre, commémorent le 56e anniversaire de la « Nakba », la création d’Israël par rapine colonialiste, qui est la catastrophe nationale du 16 mai 1948, et qui a vu la Palestine annexée par le Sionisme et tout un peuple martyr jeté sur les routes amères de l’exil. L’Etat sioniste a été proclamé le 14 mai 1948, mais la date à laquelle cet anniversaire est célébré chaque année par Israël varie en fonction du calendrier hébraïque. Pour leur part, les Palestiniens marquent tous les ans le 15 mai la « nakba » qui marque la défaite arabe lors de la guerre de 1948 face à l’armée israélienne. Cette défaite avait poussé des milliers de Palestiniens à fuir la Palestine alors sous mandat britannique. Commémoration importante au moment où Sharon et Bush, sans avoir consulté les Palestiniens, se sont entendus pour leur dénier tout droit au retour sur leurs terres volées par les Sionistes. A cette occasion, le Conseil législatif palestinien (CLP) a appelé, dans un communiqué, le Quatuor à appliquer la feuille de route et à imposer à Israël l’arrêt de son agression. « La mise en place de la feuille de route, conformément à un calendrier précis, débouchant sur l’instauration de l’Etat palestinien, est une nécessité pour mettre un terme à la Nakba. Israël supporte l’entière responsabilité historique et morale de la catastrophe qui a frappé le peuple palestinien et dont il continue à subir les conséquences… », souligne ce communiqué. Il ajoute que « le peuple palestinien résistant continue à faire les frais d’une politique qui lui dénie ses droits. Mais notre peuple demeure plus que jamais attaché à ses droits historiques, à son droit à la liberté, à un Etat indépendant et à son retour dans ses terres conformément aux lois internationales. En dépit des pressions et des sacrifices, notre peuple n’abandonnera aucun de ses droits légitimes, conformément aux résolutions 194, 242, 338 et 1397 des Nations unies. Notre peuple est attaché à son État indépendant et souverain, avec Jérusalem comme capitale… » Les camps palestiniens à Beyrouth, dans la Bekaa, au Nord et au Sud du Liban, ont été à cette occasion les scènes d’imposantes manifestations. Les manifestants appelaient au soutien de l’Intifada, à une protection internationale au peuple palestinien sous l’occupation, et à la cessation de la guerre d’extermination déclenchée par les forces d’occupation israéliennes contre les Palestiniens et de la guerre contre les institutions palestiniennes en Cisjordanie et à Gaza. Les Palestiniens manifestant ont
adressé une note au secrétaire général des Nations Unies, Kofi
Annan, exigeant de l’organisation internationale d’assumer son rôle
pour mettre fin à la guerre d’extermination qui a fait des dizaines de
milliers de tués parmi les palestiniens innocents, d’assurer la
protection du peuple palestinien en dépêchant des forces internationales
en Cisjordanie, à Gaza et à Al-Qods occupés, comme un premier pas sur
la voie de l’application des résolutions des Nations Unies, et
d’envisager des pénalités à l’encontre des criminels de guerre israéliens.
La note fait savoir le refus par les Palestiniens des déclarations américaines
qui outrepassent les droits du peuple palestinien avec en tête son droit
au retour et à l’établissement de son Etat indépendant, insistant sur
la nécessité de considérer la cause palestinienne comme une cause de
libération qui ne saurait se résoudre que par le retour des réfugiés
à leurs foyers. A cette même occasion, l’union des « comités du droit au retour » au Liban ont publié un communiqué appelant à l’attachement à l’option de l’Intifada, à l’adoption d’un programme politique palestinien unifié et à la formation d’une direction nationale palestinienne unifiée. L’ « union des femmes palestiniennes » a publié, à cette même occasion, un communiqué critiquant le déni par le président américain Bush du droit des Palestiniens au retour. Yasser Arafat a imputé à l’Etat hébreu la responsabilité de la souffrance de son peuple. « Israël ne peut ignorer sa responsabilité morale et politique dans cette tragédie nationale qui a fait du mal aux Palestiniens », a dit Arafat dans une allocution télévisée. « Le droit au retour des réfugiés palestiniens est un droit sacré, confirmé par les lois internationales. Il n’est pas juste que quelqu’un les prive de ce droit », a-t-il ajouté. A Ramallah, où se trouve le QG de Arafat, plus de 2.500 personnes se sont rassemblées dans le centre-ville, brandissant des drapeaux palestiniens et criant : « Pas de paix, pas de stabilité sans le droit au retour », selon un correspondant de l’AFP. Des centaines d’enfants portaient des cartons sur lesquels était inscrit le nom de leurs villages d’origine, qui se trouvent désormais en Israël. A Naplouse, quelque 5.000 manifestants ont brûlé une représentation en carton d’un char israélien, ainsi que des effigies du Premier ministre israélien Ariel Sharon, du président américain George W. Bush et du chef du gouvernement britannique Tony Blair. « Nous disons "non" à tous les plans qui ne respectent pas le droit au retour », ont-ils crié. Près de 3.000 Palestiniens se sont rassemblés à Kalkiliya, et un nombre similaire a été recensé à Tulkarem, selon des sources de sécurité. Dans le sud de la Cisjordanie, 1.000 Palestiniens ont manifesté à Bethléem et quelque 200 autres à Hébron. Dans la bande de Gaza, 10.000 personnes se sont dirigées vers le siège du Conseil législatif (Parlement), brandissant des photos d’Arafat et des vieilles clés, symbole de leurs maisons restées en territoire israélien. « Nous retournerons sur notre terre », ont-ils crié. Ce triste anniversaire a aussi été l’occasion de rappeler les crimes du Sionisme. Le « Centre palestinien des Droits de l’homme » a condamné violemment les « crimes de guerre barbares commis dernièrement par les forces d’occupation israéliennes dans le camp de Rafah contre des réfugiés palestiniens, au milieu d’un mutisme international, mettant en garde contre ce mutisme qui encourage le gouvernement d’occupation à aller loin dans sa guerre organisée et ses crimes contre les civils palestiniens ». Dans un communiqué publié par le
magazine « Al-Bayader » édité dans les territoires
palestiniens occupés, le centre a appelé les Nations Unies à enquêter
rapidement dans la région pour s’informer in situ des crimes de
l’occupation israélienne. Le communiqué a indiqué que « les
forces d’occupation ont détruit dans ce crime des maisons abritant 195
familles palestiniennes groupant 880 individus, dont la plupart sont des
femmes, des enfants et des vieillards, devenus tous sans abri, pour
s’ajouter à des centaines de familles palestiniennes qui avaient perdu
leurs logements dans la même région à la suite de leur destruction ou
de leur bombardement ». Il s’agit de crimes de guerre au
regard de la Convention de Genève. Pour sa part l’Organisation israélienne de Betslim pour les droits de l’homme a indiqué que les forces israéliennes ont détruit depuis le début de l’année courante 284 maisons laissant 2.185 personnes sans abri. L’Organisation a précisé que 1.800 logements environ dans le camp de Rafah pour les réfugiés palestiniens ont été détruits depuis le déclenchement de l’Intifada en 2000, reconnaissant ainsi l’inexistence de motif pour commettre de telles opérations israéliennes, illégales au regard des lois internationales. Pendant ce temps se tenait le « Forum économique mondial », à Chouneh, sur les bords de la mer Morte en Jordanie. Occasion pour les participants, y compris les dirigeants arabes inféodés à Washington – les putains locales de Washington – de faire assaut d’hypocrisie et de propos lénifiants. A ce petit jeu hypocrite, le petit roi de Jordanie, formé dans les écoles d’officier yankee, s’est distingué. Et s’est attiré les foudres justifiées du leader du PSP libanais, Walid Joumblatt, qui n’a épargné ni les Arabes ni les Américains, refusant « de recevoir des leçons d’indépendance » et dénonçant « le colonialisme et l’hégémonie » : « Ils parlent aujourd’hui,
sur les bords de la mer Morte, d’un Etat palestinien, de démocratie, de
réformes… Je ne vois pas vraiment où se trouve cet Etat, à l’heure
où les assassinats, les liquidations, les destructions de résidences et
les menaces contre Gaza se multiplient. Il aurait mieux valu que la
Jordanie ouvre ses frontières maritimes et fluviales, et approvisionne
les combattants palestiniens en armes, au lieu d’administrer des leçons
de démocratie arabe, de réformes progressives ou de sciences politiques.
Des leçons aussi futiles que la future teneur des résolutions finales du
sommet arabe, censé se tenir à Tunis – si le président tunisien
condescend à recevoir les Arabes chez lui après qu’il les eut expulsés. Quant à M. Powell, qui commence à ressembler à une marionnette que l’on utilise en cas de besoin, le voilà qui recommence à évoquer un Etat palestinien après que son maître eut décidé de légitimer la colonisation et la violation des résolutions internationales. C’est une mascarade suspecte, qui se déroule comme d’habitude à Chouneh, sur les bords de la mer Morte, et qui ne pourra accoucher que d’idées mortes. D’ailleurs, nous souhaiterions que M. Powell et l’orientaliste Nabil Khoury – le porte-parole de son ministère – ne s’occupent pas des affaires libanaises. Notre souveraineté, c’est préserver notre fusil national, c’est conforter les relations panarabes les plus étroites ». Dans la même optique, le quotidien ba’athiste de Damas « Tichrine » rappelait fort justement que « Depuis 56 ans, date de l’usurpation de la Palestine par Israël, ce dernier ne cesse de pratiquer contre le peuple palestinien toutes les formes de répression, d’agression, d’oppression, de tuerie, de blocus, d’expulsion et de judaïsation, pour terminer par le terrorisme organisé dont il a fait sa politique officielle et pour finir par la guerre d’extermination d’un peuple et le plan que ses dirigeants plaisent à appeler "le transfert" des Palestiniens de leurs terres », soulignant qu’ « Israël n’aurait pas pu aller loin dans son agressivité et sa criminalité, et n’aurait pas osé se montrer aussi arrogant et rebelle sans l’appui absolu des Etats-Unis qui lui permet de faire fi de la légalité internationale et de rejeter ses résolutions ». Radio-Damas a affirmé dans la même optique que « les pratiques sauvages et agressives que commet Israël contre les Palestiniens à Rafah et à Gaza confirment une réalité importante et essentielle, à savoir : le gouvernement de Sharon tente d’occulter ses crises politiques et son impasse dans les territoires arabes occupés en montant sa guerre de destruction et de meurtre contre le peuple palestinien (…) les événements sanglants que connaissent les territoires palestiniens occupés nous donnent la leçon que l’ennemi sioniste ne sait pas le langage du dialogue et qu’il ne comprend que le langage de défi et de lutte ». Ce refus du dialogue, les Sionistes l’ont démontré ce 16 mai à Paris, date choisie pour organiser une « manifestation nationale contre l’antisémitisme ». Une véritable provocation en ces jours de deuil pour le peuple palestinien. Cette manifestation a été un échec, selon l’aveu du site sioniste « Proche-Orient infos », qui précise que « La manifestation annoncée comme « nationale » contre l’antisémitisme, dimanche 16 mai à Paris, peut-être considérée comme un échec. 20.000 personnes tout au plus, si on se réfère aux chiffres des organisateurs, représentent en effet un résultat bien modeste alors que tous les partis politiques, de très nombreux syndicats et associations juives et anti-racistes appelaient à défiler ». Il semblerait que les Français,
comme les autres Européens, dûment informés des crimes sionistes, ne se
laissent plus prendre aux sirènes d’un « antisémitisme » artificiellement
agité pour servir les intérêts de l’Etat israélien. On le sait, le « retour de l’antisémitisme » est le thème habituel des Sionistes lorsque l’Etat sioniste perd pied devant l’opinion publique européenne. On grossit certains incidents individuels, on en crée d’autres et on crie au loup antisémite. Rappelons-le, à part quelques voyous de banlieue et quelques provocateurs néo-nazis – souvent liées aux polices politiques et aux milieux sionistes, l’antisémitisme n’existe plus en Europe et il faut s’en réjouir. Des lois existent, elles sont appliquées et c’est très bien. Assimiler l’antisionisme à l’antisémitisme pour créer un climat de chasse aux sorcières est inacceptable. Notre position en la matière est
claire et nette : il faut condamner lourdement toute manifestation
d’antisémitisme. Et il faut faire de même avec le sionisme. Car tous
deux sont des idéologies de haine et d’exclusion. Le but des Sionistes est d’abusivement assimiler tous les juifs au Sionisme et à l’Etat colonial qu’il contrôle. Il existe de nombreuses voies juives pour dénoncer cette assimilation abusive et rappeler l’opposition de nombreux juifs au Sionisme. Ainsi à l’occasion du 56e anniversaire de la création d’Israël, un nombre important de juifs orthodoxes ont manifesté pour signaler leur opposition au sionisme et à l’Etat qui l’incarne. Cette fracture entre le sionisme et la tradition juive est au cœur du dernier ouvrage de Yakov M. Rabkin, « AU NOM DE LA TORAH, UNE HISTOIRE DE L’OPPOSITION JUIVE AU SIONISME » publié aux Presses de l’Université Laval du Québec. Fort bien documenté, « Au nom de la Torah » pourrait tenir du brûlot. Du moins, à en croire les attaques en règles dont il a fait l’objet depuis sa parution. N’eût été le fait que Yakov M. Rabkin est, lui-même, juif, il aurait été traité d’antisémite et voué aux géhennes. Comme l’ont été nombre d’écrivains étrangers qui se sont, peu ou prou, intéressés à la nature véritable du sionisme. L’ouvrage en question touche, en effet, à une problématique taboue : l’opposition juive au sionisme. Non seulement il sape l’un des fondements majeurs de la propagande sioniste, mais il rappelle des vérités historiques. Notamment celle d’un Orient où Musulmans et Juifs ont toujours harmonieusement coexisté. La culture juive traditionnelle décourage tout activisme politique et militaire, en particulier en Terre d’Israël. Ce qui n’est pas le cas pour le sionisme. Lequel est bâti sur une volonté d’agression et de conquête. Ce qui donne un sens tragique à cette interrogation de l’un des rabbins les plus hostiles à ce dévoiement irrédentiste : « Combien de sang juif faut-il verser pour qu’ils [les sionistes ] puissent maintenir leur but de soi-disant Etat juif ? ».
Luc MICHEL |
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