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DE LUC MICHEL


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EDITORIAL DU 27 NOVEMBRE 2004
"LA CAUSE DES PEUPLES-NEWS" - N° 9

NOUVELLE OFFENSIVE DE L’OTAN A L’EST :
« L'UKRAINE ENJEU DE L'IMPERIALISME AMERICAIN »
MENACEE PAR LA PESTE ORANGE !

L’Ukraine est au bord de la guerre civile. La peste Orange, digne héritière de la peste brune, menace l’Ukraine ! Une situation explosive préparée, encadrée et organisée par l’impérialisme américain et l’OTAN.

LE SCENARIO « MADE IN NATO » QUI SE JOUE A KIEV

Sur un scénario déjà expérimenté à Belgrade et à Tbilissi, et qui a échoué deux fois au Belarus grâce à la forte résolution du Président Lukashenko, le candidat de l’Occident, c’est-à-dire de Washington et de l’OTAN, Iouchtchenko, abusivement présenté comme « pro-européen » par certains, qui a perdu les élections, se prétend vainqueur, sur base de sondages réalisés à la sortie des UrnesSondages réalisés par des officines payées par l’OTAN – et des témoignages des observateurs de l’OSCE, eux aussi envoyés par les USA et l’OTAN. Et que contredisent les experts neutres, qui, eux, avalisent les élections. Comme par exemple le « British Helsinki Human Rights Group » (BHHRG) (1). A noter que le BHHRG met en cause l’impartialité des « experts » de l’OSCE et dénonce leur participation à des manifestions de l’opposition pro-occidentale, en violation de leur statut supposé de neutralité !

Les résultats officiels sont contestés et un coup d’Etat rampant, insurrectionnel, est organisé dans la rue. Coup d’Etat financé par l’OTAN et encadré par des militants néofascistes et des skinheads – les fameux « étudiants » de PORA (2), payés, formés et encadrés dans des « instituts » de l’OTAN. Sur le modèle du fameux « OTPOR » serbe – les « Madleen Jungen », comme les appellent les patriotes serbes, rappelant leur mentor yankee Madeleine Albright –, dupliqué en Géorgie, au Belarus et en Ukraine avec PORA.

Voilà pour la réalité. Seul différence avec le scénario de Tbilissi d’il y a tout juste un an qui avait vu l’extrême-droite néofasciste s’emparer du pouvoir, le parti patriote et anti-occidental dispose d’une forte base populaire dans les milieux ouvriers – car le parti pro-américain n’est celui que de l’extrême-droite nationaliste – les nostalgiques des fascistes ukrainiens de 1919-50 (le GUARDIAN révèle que les pseudo « démocrates » de PORA chantent de vieux hymnes antisémites des années 20-40 !) – et de la bourgeoisie, à l’image de la millionnaire Yulia Tymoshenko (3), grande figure de la pseudo « opposition », tenue aux Etats-Unis par le chantage suite à du blanchiment d’argent illicite –, notamment parmi les mineurs du Dombass, capable elle aussi de tenir la rue. Et la Russie, qui a enfin compris que la guerre froide restait à l’agenda de Washington, qui contre-balance l’appui occidental aux putschistes contre-révolutionnaires.

LES MASSES UKRAINIENNES SONT CONTRE LE COUP D’ETAT DE L’OTAN

Une baudruche de l’information occidentale manipulée par les media aux ordres de l’OTAN, c’est de faire croire, au travers d’images soigneusement sélectionnées, à un soutien massif des Ukrainiens au putsch pro-américain. Alors que la situation est inverse ! A l’exception de Lviv, bastion traditionnel des antisémites et fascistes ukrainiens, le mouvement de Iouchtchenko est loin de mobiliser. 100.000 manifestants dans les rues de Kiev contre l’ordre constitutionnel, c’est bien peu dans un pays de 48 millions d’habitants. Et à Kiev, les partisans de Ianoukovitch sont tout aussi nombreux, mais peu filmés par les télévisions occidentales. La vision des TV russes est à ce sujet édifiante, car elle démontre, images à l’appui, le vaste soutien au Premier ministre anti-occidental.

Quant à « l’appui massif de la jeunesse » aux putains de l’OTAN, c’est un second mediamensonge. En dehors des bandes de hooligans néofascistes et antisémites de PORA, les vrais étudiants, eux, comme à Donetsk ou Dniepropetrovsk, les deux grandes villes du pays avec Kiev, sont en grève, mais pour soutenir Ianoukovitch. La palme de la désinformation revenant à la TV EURONEWS (qui devrait s’appeler USANEWS) qui présentait cette grève antifasciste comme … organisée pour Iouchtchenko.

Partout dans le pays, des centaines de milliers de manifestants, représentant l’Ukraine populaire et ouvrière, soit des foules 5 à 6 fois supérieures à celles de la bourgeoisie compradore soutenant le putsch de l’OTAN, sont dans la rue contre les putains de l’Occident. « Des centaines de milliers de manifestants sont descendus samedi dans les rues de villes de l’est de l’Ukraine pour soutenir le Premier ministre Viktor Ianoukovitch, en menaçant de proclamer leur autonomie si l’opposition parvient à faire invalider les résultats de la présidentielle, commente REUTERS. Plusieurs dirigeants d’agglomérations du bassin houiller du Donbass, une zone russophone de l’est du pays, ont témoigné leur soutien à Ianoukovitch, sorti officiellement vainqueur de la présidentielle, et accusé de terrorisme politique les partisans de son opposant, Viktor Iouchtchenko, qui accusent le pouvoir d’irrégularités massives lors du scrutin. La mobilisation de l’Est ukrainien en faveur de Ianoukovitch, et notamment les 150.000 personnes rassemblées samedi à Donetsk – ville dont ce dernier était auparavant gouverneur – vient contrebalancer une semaine de manifestations interrompues des partisans de Iouchtchenko à Kiev ».

Les supporteurs de Ianoukovitch, candidat patriote soutenu par Moscou et par le président sortant Leonid Koutchma, se sont dits en faveur d’une proposition de référendum qui doit permettre à la région de ne plus obéir aux ordres émanant de Kiev, capitale située à 700 km à l’ouest : « Si une junte nationaliste prend le pouvoir, nous nous réservons le droit d’organiser un référendum régional », a déclaré le maire de Donetsk, Alexandre Loukyantchenko. Il a par ailleurs affirmé que des manifestations d’une ampleur encore plus grande auraient lieu si la Cour suprême ukrainienne devait invalider les résultats de l’élection.

Le maire de Donetsk, Alexandre Loukyantchenko, a aussi parlé des manifestations des partisans de Iouchtchenko comme d’une « peste orange », en évoquant la couleur de ce camp.

A Kiev même, Vassily Nadraga, député du « parti Union », allié de Ianoukovitch, a averti le Parlement que l’est du pays pouvait tout aussi bien choisir de vivre sans l’Ouest. « Avec mes compatriotes, nous avons le droit de vivre de la façon qui nous paraît juste », a-t-il dit, avant de s’adresser à la moitié ouest du pays. « De même, vous, sans notre charbon, sans nos métaux et sans nos hautes technologies, et même sans nos céréales, vous avez le droit de vivre comme bon vous semble avec vos betteraves à sucre et vos sapins ».

LA VISION OCCIDENTALE DE LA CRISE…

La crise ukrainienne se lit pourtant selon deux grilles de lecture antagonistes.

La première est celle des putains politicardes de l’Amérique, des media aux ordres de l’Otan, c’est-à-dire du Parti américain en Europe. On y accuse la Russie d’être responsable de la crise – éternel retour de l’incendiaire qui crie au feu. On y qualifie la contre-révolution en marche de « révolution ». Et l’extrême-droite néofasciste de « démocrate ». On peut ainsi lire dans le « COURRIER INTERNATIONAL » (Paris) que la ville ukrainienne de Lviv, centre du mouvement insurrectionnel, « représente la tradition démocratique de l’Ukraine ». Alors qu’elle est le bastion traditionnel du nationalisme xénophobe et antisémite.

Cette grille lecture est celle de l’anti-Europe, car le candidat de l’Occident est tout sauf le « candidat de l’Europe » (sic). Et Iouchtchenko, marié à une Américaine et défendant des « réformes libérales » – c’est-à-dire le bradage du Pays à l’étranger –, est aussi et surtout un de ces immondes kollabos de l’Amérique. Les patriotes ukrainiens ont fort justement qualifié Iouchtchenko, surnommé « Bushenko », de « pantin des Américains ».

Et l’arrivée des plus éminentes putains de l’Amérique à Kiev, comme Javier Solana, ex secrétaire-général de l’OTAN, et la veille canaille occidentale de Lech Valesa, révèle mieux que de longs discours le complot qui se trame en Ukraine.

… ET CELLE ANAGONISTE DU CAMP ANTI-IMPERIALISTE

L’autre gille de lecture, antagoniste, est celle des milieux eurasistes ou communautaristes européens, du Mouvement révolutionnaire européen, des étatistes russes qui soutiennent Poutine, des anti-impérialistes. Elle voit dans la crise ukrainienne une nouvelle étape de l’offensive de l’OTAN à l’Est. Et la confirmation que les plans des théoriciens de l’impérialisme américain, comme Brezinski (4), qui visent à isoler la Russie avant de la démembrer, sont plus que jamais d’actualité.

Ouvrons une parenthèse pour préciser que notre soutien va au programme anti-occidental et eurasistenotamment la volonté d’ancrer l’Ukraine au Belarus et à la Russie dans une « Union Slave » renforcée – du candidat Viktor Yanukovich et non pas à sa personne où a ses origines dans la classe politique discréditée de l’Ukraine. Comme toutes les forces nationale-communistes et de gauche nationale en Europe, nous soutenions au premier tour le candidat communiste Simonenko, proche du KPRF, et qui défend en Ukraine des thèses proches des nôtres. 

NOUS NE SOMMES PLUS LES SEULS A DENONCER LE COUP D’ETAT PRO-AMERICAIN : CE QU’EN DIT « THE GUARDIAN », LE PLUS GRAND QUOTIDIEN BRITANNIQUE !

Mais cette vision de la crise ukrainienne comme une offensive impérialiste n’est plus seulement celle de l’anti-américanisme radical ! L’arrogance des faucons néo-conservateurs et de leurs caniches de l’OTAN a, depuis le « 11 septembre 2001 », en effet considérablement élargi en Europe, comme partout dans le monde, la base du mouvement anti-américain. Et les thèses qui étaient il y a peu encore celles du KPRF de Zouganov, des patriotes slaves, des Eurasistes ou du PCN, sont aujourd’hui partagées dans des milieux étonnants.

La crise ukrainienne vue comme offensive de l’impérialisme américain à l’Est, c’est ce qu’affirme Jonathan Steele dans le « GUARDIAN » (5), le plus grand quotidien britannique, qui titre sur « le coup d’état postmoderne » yankee, sur « L’Ukraine enjeu de l’impérialisme américain » et sur « Victor Iouchtchenko, le candidat de Washington ».

« Le véritable ennemi de l’Ukraine pourrait bien être Washington », estime THE GUARDIAN. « L’ingérence de pays étrangers dans des élections, sous le couvert d’un soutien impartial à la société civile, est la phase préliminaire des coups d’Etat postmodernes qui mettent en place un tiers-monde post-guerre froide, sponsorisé par la CIA (…) accuser la Russie d’impérialisme parce qu’elle porte un intérêt soutenu à ses Etats voisins est une grossière exagération (…) ce n’est pas Moscou, mais les Etats-Unis qui ont fait de l’Ukraine un enjeu géostratégique, en refusant d’abandonner leur politique de guerre froide qui consiste à encercler la Russie et en mettant de leur côté toutes les anciennes Républiques soviétiques. En clair, les Américains ont choisi de soutenir Iouchtchenko, non pas parce qu’il est le meilleur candidat pour l’Ukraine, mais parce qu’il est le candidat le plus proaméricain ». Steele, remettant les pendules occidentales à l’heure de la réalité impérialiste, souligne aussi que « nous ne sommes pas face à une lutte romantique entre la liberté et l’autoritarisme. Comme son adversaire, Victor Iouchtchenko a servi comme Premier ministre sous la présidence de Leonid Koutchma. Sous certains aspects, Iouchtchenko ferait peut-être un meilleur président que Ianoukovitch, mais il est naïf de penser qu’il sera à l’origine un changement radical dans la politique et l’économie ukrainiennes ». Enfin, il affirme avec justesse que l’Union européenne ne doit pas rester passive face à l’attitude impérialiste des Etats-Unis : « L’UE doit aussi faire une déclaration publique pour affirmer qu’il n’y a pas d’intérêt pour l’Ukraine à intégrer l’OTAN. Cela calmerait les angoisses légitimes de la Russie et enverrait du même coup un signal fort aux Etats-Unis pour leur signifier de ne pas venir enflammer des questions purement européennes ».

DIVISER POUR REGNER :
LE COLONIALISME YANKEE EN EUROPE
PORTE EN LUI LA GUERRE CIVILE

Car, et là aussi le GUARDIAN rejoint l’analyse que nous faisons depuis quatre décennies, le jeu des Américains, c’est de perpétuer les guerres civiles européennes, de les attiser, de favoriser toutes les fragmentations, toutes les sécessions. C’est la politique de la « Kleinstaaterei », selon le concept développé par l’historien allemand Fredéric Grimm (6). Car une Europe divisée en une multitude de petits états impuissants, économiquement et militairement, est la garantie du maintien du pouvoir colonial de Washington en Europe.

On ne dit pas autre chose à Moscou, où le rôle de la Russie comme puissance européenne et garante de l’indépendance de l’Europe s’affirme résolument. Moscou accuse en effet l’Occident de vouloir partager l’Europe. La Russie, en total désaccord avec Washington et ses laquais « européens » sur la crise politique ukrainienne, accuse « certains Etats » de vouloir partager l’Europe et de tirer l’Ukraine vers l’Occident, des déclarations qui renvoient à l’époque de l’URSS où le monde était divisé en deux blocs. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a critiqué devant la presse « certaines capitales européennes » qui ne veulent « pas reconnaître le résultat de l’élection (ukrainienne) et disent que l’Ukraine doit être avec l’Occident ». « Leurs déclarations laissent penser que l’on souhaite tracer de nouvelles lignes de partage en Europe », a-t-il souligné, se disant inquiet des tentatives « de certains Etats de faire sortir la situation en Ukraine du champ du droit ». Le Premier ministre néerlandais Jan Peter Balkenende, une des nombreuses putains des USA, président en exercice de l’UE, avait déclaré que l’Union européenne ne pouvait « accepter le résultat » de l’élection présidentielle ukrainienne. 

MOSCOU DECOUVRE QUE LA GUERRE FROIDE
EST TOUJOURS A L’AGENDA DE WASHINGTON

Pour certains analystes, dont nous sommes, la crise ukrainienne a montré les limites, voire l’illusion, du rapprochement de la Russie et l’Occident américanisé constaté ces dernières années. Un rapprochement voulu par le Kremlin mais qui va directement à l’encontre des visées expansionnistes de l’OTAN en Europe orientale, dans les Balkans et dans le Caucase. La crise ukrainienne a mis en avant la contradiction entre la réalité impérialiste et les désirs de paix du Kremlin. « Tout différend en matière de politique extérieure est désormais considéré par Moscou comme un épisode dans l’opposition globale à l’Occident. Pas comme une divergence ayant un objectif concret, mais comme un véritable duel : eux ou nous », note le quotidien en ligne GAZETA.RU.

LA RUSSIE, DERNIERE PUISSANCE INDEPENDANTE DES USA EN EUROPE

Cette politique nouvelle qui s’impose au Kremlin, et que certains analystes qualifient de « nouveau National-Bolchévisme », mêlant le nationalisme impérial russe aux résurgences de la politique soviétique, met en lumière nos thèses sur la mission de la Russie dans le mouvement de libération et d’unification de l’Europe.

L’idée de l’unification des forces eurasiatiques, au-delà des différences de territoire, de langue et de religion n’est pas nouvelle, mais dans les circonstances marquées par la fin de l’Union Soviétique et les effets néfastes du morcellement et de la discorde provoqués par les agents dissolvants de la « politique globale américaine », elle apparaît comme LE moyen par excellence de résistance et d’action face au « Nouvel Ordre Mondial » de l’Amérique et de ses complices, qui cherche partout à imposer son joug et partout met en péril la vie des peuples et des nations.

Depuis quatre décennies, nous sommes de ceux qui veulent élargir en quelque sorte le sujet en lui conférant une dimension géographique plus ample et géopolitiquement plus décisive. L’idée-force, c’est que notre champ d’action et de combat s’étend de Vladivostok à Reykjavik. C’est la raison pour laquelle nous soutenons activement toutes les forces qui militent en ce sens et participent au combat commun pour la cause de nos peuples frères.

Nous parlons de combat commun car partout, des berges de l’Atlantique aux confins de l’Oussouri, l’ennemi est le même : le néocolonialisme yankee, son « Nouvel ordre mondial » et son bras armé de l’Otan. Hollywood, Mac Do, Coca-Cola : toute la vomissure américaine nous englue dans un monde stupide et infantilisé.

Ce combat implique de notre part un soutien actif à la préservation de l’idée pan-russe. En Europe de l’Ouest, tous les gouvernements, tous les politiciens se sont couchés devant Washington. Il est loin le temps où se dressait la grande figure du général de Gaulle. La France a rejoint trop souvent les autres valets européens de l’Otan. Seule la Russie, même amputée depuis 1991, même affaiblie, a encore la masse démographique, géopolitique et humaine nécessaire pour offrir à l’Europe une alternative au « Nouvel Ordre Mondial ». Car la Russie, comme hier l’Union Soviétique, est le dernier pays libre et indépendant en Europe. Nous sommes donc de ceux qui croient à la mission russe en Europe au XXIe siècle.

LE DESTIN UNITAIRE DE LA RUSSIE ET DE L’EUROPE :
VERS LA « QUATRIEME ROME »…

Mais si nous défendons cette thèse pour des raisons logiques, celles qui motivent tous les patriotes européens, nous sommes aussi des partisans de l’Eurasisme pour des raisons idéologiques. Car la mission russe en Europe n’est pas seulement politique, elle est aussi sociale, comme le rappelait Nicolas Berdiaev : « La mission du peuple russe est de réaliser la justice sociale au sein de la société humaine, non seulement en Russie, mais dans le monde entier », écrivait-il.

Les hommes ne vivent pas seulement d’idées. Ils ont aussi besoin de rêver. Et le cœur doit répondre au cerveau. Nous sommes aussi des Eurasistes parce que nous partageons le vieux rêve d’une nouvelle Rome, sans cesse revisité depuis la chute de Constantinople, la seconde Rome.

Car l’Empire d’Europe pour lequel nous combattons, la grande Europe libre de Vladivostok à Reykjavik, sera la quatrième Rome !

Face à l’Amérique néo-carthaginoise, l’Empire d’Europe ne pourra être que la nouvelle Rome. Avec Moscou pour capitale. Pourquoi pas !

 

Luc MICHEL

 

Notes et renvois :

(1) Voici le RAPPORT DU BRITISH HELSINKI HUMAN RIGHTS GROUP (BHHRG) (24 Novembre 2004) :
“The British Helsinki Human Rights Group (BHHRG) sent observers to the second round of the presidential election in Ukraine on 21st November 2004. BHHRG monitored the election in the city and district of Kiev, Chernigov, and Transcarpathia. Counts were observed in central Kiev and Uzhgorod.
Contrary to the condemnations issued by the team of professional politicians and diplomats deployed by the OSCE mainly from NATO and EU states, the BHHRG observers did not see evidence of government-organized fraud nor of suppression of opposition media. Improbably high votes for Prime Minister, Viktor Yanukovich, have been reported from south-eastern Ukraine but less attention has been given to the 90% pro-Yushchenko results declared in western Ukraine. 
Although Western media widely claimed that in Ukraine the opposition was, in effect, excluded from the broadcast media, particularly in western Ukraine the opposite was the case. On the eve of the poll – in flagrant violation of the law banning propaganda for candidates – a series of so-called “social information” advertisements showing well-known pop stars like Eurovision winner Ruslana wearing the orange symbols of Mr Yushchenko’s candidacy and urging people to vote appeared on state television!
Although BHHRG did not encounter blatant violations in either the first or second rounds, the Group’s observers were alarmed by a palpable change in the atmosphere inside the polling stations in central Ukraine in particular. In Round 1, a relaxed and orderly mood prevailed throughout the day. In Round 2 the situation had become slightly tense and chaotic. In BHHRG’s observation the change in Round 2 was attributable primarily to an overabundance of local observers, who exercised undue influence over the process and in some instances were an intimidating factor. The vast majority of observers in the polling stations visited were representatives of Viktor Yushchenko.
Transparent ballot boxes meant that these observers could frequently see how people had voted. This OSCE-approved innovation made intimidation of voters for the more unpopular candidate in any district easier since few supporters of the minority would wish it to be seen how they had voted. 
Ukraine’s election law allows only candidates and political parties, not non-governmental organizations, to deploy observers. However, observers can be deployed in the guise of journalists. For example, the Western-sponsored Committee of Voters of Ukraine (KVU) – clearly sympathetic to the opposition – deployed observers throughout Ukraine as “correspondents” for the organization’s newspaper, Tochka Zora. On 31st October, BHHRG did not encounter any representatives of this newspaper anywhere, but on 21st November such journalist-observers were highly visible in central Ukraine. In Chernigov 11/208, for example, all 6 journalist-observers represented opposition newspapers and one, for Tochka Zora, stood very close to the ballot boxes and closely inspected how votes were cast. Because ballot papers in Round 2 were much smaller than in Round 1 and were not placed in envelopes before insertion into the transparent ballot boxes, secrecy of the ballot was compromised. In this case, the immediate impression was that a young Tochka Zora correspondent exercised more control over the process than the election commission chairman himself.
In Chernigov (7/208), all 7 journalist-observers represented opposition newspapers, in some cases simply temporary campaign publications such as the pro-Yushchenko propaganda paper Tak – his election slogan “Yes.” In a scene exemplary of the mood of voting on 21st November, BHHRG watched a nervous looking old woman emerge from a voting booth, approach the three opposition observers sitting directly behind the ballot boxes, and ask: “Have I filled out the ballot correctly?” An observer inspected the ballot, saw it was filled in for Viktor Yushchenko, and replied: “Yes.” The woman’s unfolded ballot was plainly visible in the transparent ballot box. 
Such groups of opposition journalist/observers were not in evidence in the Transcarpathian region visited by BHHRG’s observers. Exit pollsters in Mukachevo admitted to being Yushchenko supporters and were carrying out their poll in a simplistic manner – asking every twentieth voter for their choice without categorizing by age, class, etc. 40% of voters refused to say how they had voted, but 80% of the remainder said that they had backed Yushchenko. The exit polls were clearly not scientific – less so even than the ones predicting Kerry trouncing George W. Bush in Florida and Ohio!
In a polling station attached to Uzhgorod’s university a group of young, male Yushenko observers hung around the entrance to the polling room and next to the ballot box. OSCE guidelines condemn the presence of such un-authorised personnel. The commission chairman in this polling station stated that four members of the election commission had prevented observers for Mr. Yushenko from fulfilling their tasks leading to the intervention of lawyers. When this accusation was put to other members of the commission they appeared dumb-founded and said no such incident had taken place. The chairman appeared shocked that the BHHRG observers sought to confirm his detailed account of the misbehaviour of some of his colleagues by asking other witnesses, but no proper observation should accept allegations unquestioningly. 
Conclusion:
Whatever may have been the case in south-eastern Ukraine, it was clear to this Group’s observers in central Ukraine and western Ukraine that the opposition exercised near complete control. The broadcast media showed bias towards Mr. Yushchenko in these areas, particularly in western Ukraine where Mr Yanukovich was invisible – not even being shown voting on polling day. It is naïve to think only the government had the facilities to exercise improper influence over the polls. From what BHHRG observed, the opposition exercised disproportionate control over the electoral process in many places, giving rise to concerns that the opposition – not only the authorities – may have committed violations and may have even falsified the vote in opposition-controlled areas. So-called “administrative resources” in places visited by BHHRG appeared to be in the hands of the opposition, not the government, and this may have frightened voters. After all since Sunday, police and security personnel in some western towns have declared their loyalty to “president” Yushchenko.
The open bias of Western governments and their nominated observers in the OSCE delegation, some of whom have appeared on opposition platforms, makes it unreasonable to rely on its report. 
In spite of concerns, BHHRG finds no reason to believe that the final result of the 2004 presidential election in Ukraine was not generally representative of genuine popular will. The election featured a genuine choice of candidates, active pre-election campaigns, and high voter participation. It is clear that Ukrainian opinion was highly polarized. That meant many people backing a losing candidate would find it difficult to accept a defeat. Foreigners should not encourage civil conflict because the candidate on whom they have lavished expensive support turned out to be a loser.” 

(2) Il y a de bons fascistes. Nos media et nos politiciens atlantistes, si prompts à hurler au « Fascisme » contre les Le Pen et autre Haider, sont bien silencieux lorsqu’il s’agit des néofascistes et néonazis de l’extrême-droite xénophobe des pays baltes, du Belarus ou d’Ukraine.
Les antifascistes de salon, du genre des crétins lobotomisés de Ras’l Front en France ou de RésistanceS en Belgique, qui ferment les yeux sur cette réalité, démontrent par là qu’ils ne sont que des groupuscules instrumentalisés au service des états bourgeois et de l’impérialisme.
Pour ceux qui auraient encore des doutes sur la nature réelle, d’extrême-droite, antisémite et néofasciste des hooligans de PORA, voici ce qu’en dit le reporter du quotidien britannique SPECTATOR (6 novembre 2004), John Laughland : “A few years ago, a friend of mine was sent to Kiev by the British government to teach Ukrainians about the Western democratic system. His pupils were young reformers from western Ukraine, affiliated to the Conservative party. When they produced a manifesto containing 15 pages of impenetrable waffle, he gently suggested boiling their electoral message down to one salient point. What was it, he wondered? A moment of furrowed brows produced the lapidary and nonchalant reply, ?To expel all Jews from our country.? It is in the west of Ukraine that support is strongest for the man who is being vigorously promoted by America as the country?s next president: the former prime minister Viktor Yushchenko. On a rainy Monday morning in Kiev, I met some young Yushchenko supporters, druggy skinheads from Lvov. They belonged both to a Western-backed youth organisation, Pora, and also to Ukrainian National Self-Defence (Unso), a semi-paramilitary movement whose members enjoy posing for the cameras carrying rifles and wearing fatigues and balaclava helmets. Were nutters like this to be politically active in any country other than Ukraine or the Baltic states, there would be instant outcry in the US and British media; but in former Soviet republics, such bogus nationalism is considered anti-Russian and therefore democratic”.

(3) La véritable personnalité de Yulia Tymoshenko, éclaire d’un jour cru l’imposture médiatique des journalistes aux ordres de l’OTAN. Une millionnaire, enrichie dans de puantes conditions, à la tête de bandes néofascistes. Voilà la réalité que manipulent les media de l’OTAN, notamment lorsqu’ils présentent Yushchenko comme celui « qui va lutter contre la corruption » (sic).
Le GUARDIAN (“The millionaire revolutionary. She has been a powerful voice during this week’s protests in Kiev. But who is Yulia Tymoshenko?”, James Meek reports, November 26, 2004) apporte d’intéressante précisions sur la véritable n° 1 de l’insurrection. 
Extraits: “As a woman who in the space of a few years has merely managed to become a multi-billionaire and deputy prime minister of one of Europe’s largest countries, however, she has remained – until recently – obscure to the world. Throughout this week’s protests against election fraud in Kiev, Tymoshenko has appeared at the right-hand side of the opposition leader, Viktor Yushchenko. Arm in arm, they make a noble couple (...) But Tymoshenko’s peasant look is somewhat misleading. She is in fact a very wealthy woman, who gained her fortune in highly debated circumstances before entering politics. She made the transition from a member of Ukraine’s disliked new moneyed elite to a skilled marshal of the anger of the public square three years ago, when she mounted an energetic, if ultimately unsuccessful, campaign to topple the increasingly loathed president, Leonid Kuchma. Her original entry into politics came earlier, in the mid-1990s; but her Hromada party was seen then as only one of a rash of factions cynically created by the new tycoons to advance their business interests (...)
Yuri Boldyrev, a former independent MP turned political analyst, say that she is the hardliner in the opposition leadership, the least willing to compromise and the one most ready to push the authorities to the limit. "She is an iron lady, a serious woman, the real force behind [Yushchenko]", says Boldyrev (...)
But who is Tymoshenko? Is she the dedicated champion of free-market values, Ukrainian independence and European liberal ideals she and her supporters would claim her to be? Or is she a darker, more compromised figure, whose own record might tarnish an opposition victory? (...) Tymoshenko was born in 1960 in Dnipropetrovsk, one of the arsenals of Soviet totalitarianism, a Russian-speaking eastern city in a sea of Ukrainian-speaking villages. She trained as an economist. The city has a political heritage, and was the power base both of Leonid Brezhnev and of Ukraine’s president for the past 10 years, Kuchma. Kuchma first arrived in Kiev pulling a long train of friends from Dnipropetrovsk behind him. Tymoshenko benefited from this connection through her acquaintance with Pavlo Lazarenko, who became Ukraine’s prime minister in 1996. Lazarenko claimed to have a plan that would solve Ukraine’s perpetual energy crisis – the fact that factories were not able to pay for Russian gas. He set up a network of regional gas monopolies which supplied gas to companies in exchange for whatever those companies had to offer: cash, goods, or shares. One of the biggest beneficiaries of this system was a company set up and run by Tymoshenko, United Energy System. These were heady times for the hungry young tycoon. According to Matthew Brzezinski’s 2001 book Casino Moscow, which devotes a chapter to Tymoshenko entitled The Eleven Billion Dollar Woman, she was guarded by an entire platoon of ex-Soviet special forces bodyguards. She once sent a plane to collect Brzezinski from Moscow, fly him to Dnipropetrovsk to meet her for lunch, and drop him off back at Moscow in the evening. When Brzezinski said he didn’t want to tie up the company plane, Tymoshenko said: "Don’t worry. I have four of them". According to Brzezinski, as a result of Lazarenko’s patronage, "Tymoshenko gained control over nearly 20% of Ukraine’s gross national product, an enviable position that probably no other private company in the world could boast". Her rapid rise, and her friendship with Lazarenko, would later return to haunt her. Lazarenko fell from favour, was sacked amid accusations of corruption in 1997, and fled Ukraine. In June this year, he was convicted of money-laundering and extortion in California. At first, Tymoshenko was able to distance herself from the scandal - in the short-lived premiership of Yushchenko, she became deputy prime minister - but as her relationship with Kuchma cooled, she became drawn into the scandal. She was accused of having given Lazarenko kickbacks in exchange for her company’s stranglehold on the country’s gas supplies. It is an accusation she has always denied, although Brzezinski maintains it is true. "The US government has evidence of wire transfers from her to Lazarenko personally while he was PM," he told me yesterday. 
Whatever the truth of the gas saga, the vast personal enrichment of Tymoshenko when so many ordinary Ukrainians were going poor and hungry made her unpopular in the late 1990s une”.

(4) Zbigniew Brzezinski, théoricien de la géostratégie et de la géopolitique impérialistes yankee, publie « THE GRAND CHESSBOARD » en 1997, titré « LE GRAND ECHIQUIER. L’AMERIQUE ET LE RESTE DU MONDE » pour son édition française. Disciple de Henry Kissinger et adepte de la « real politique » comme lui, Brzezinski, d’origine polonaise, est expert au Center for Strategic and International Studies (Washington DC) et professeur à l’Université Johns Hopkins de Baltimore. Il fut conseiller du président des Etats-Unis de 1977 à 1981 (son fils conseille, lui, John Kerry, pour les idiots utiles qui croient en une mythique « gauche démocrate »). 
La réflexion de Brzezinski est centrée sur les conditions géopolitiques de la puissance américaine et de son contrôle sur l’Eurasie, le « grand échiquier » où Washington doit éliminer tout rival potentiel ou réel. Il entend définir les conditions de la puissance américaine au XXIeme siècle, pour la maintenir dans son rôle hégémonique de garants du « Nouvel Ordre Mondial » et pérenniser la sujétion de l’Europe occidentale. Pour maintenir leur leadership, qui n’est rien d’autre que la domination mondiale annoncée par le théoricien conservateur américain Burnham (le grand ancêtre des néocons, ancien trotskiste comme beaucoup d’entre eux) dès 1943, les USA doivent avant tout maîtriser le « grand échiquier » que représente l’Eurasie, où se joue l’avenir du monde. Cette maîtrise repose sur la sujétion de l’Europe occidentale, étroitement liée aux USA dans un ensemble politico-économique occidental, la communauté atlantique cadenassée par l’OTAN. Elle repose aussi sur l’isolement de la Russie qu’il faut affaiblir irrémédiablement et démembrer. 
Le danger mortel pour les USA, puissance extra-européenne à l’origine de par sa situation même, serait d’être expulsée d’Europe occidentale, sa tête de pont en Europe. Dans cet objectif, tout rapprochement de l’Europe et de la Russie, toute union eurasienne, – sans même parler de fusion comme nous l’évoquons depuis les années 80 –, doit être empêchée par tous les moyens. 
Zbigniew Brzezinski écrit : « L’Europe est la tête de pont géostratégique fondamentale de l’Amérique. Pour l’Amérique, les enjeux géostratégiques sur le continent eurasien sont énormes. Plus précieuse encore que la relation avec l’archipel japonais, l’Alliance atlantique lui permet d’exercer une influence politique et d’avoir un poids militaire directement sur le continent. Au point où nous en sommes des relations américano-européennes, les nations européennes alliées dépendent des Etats-Unis pour leur sécurité. Si l’Europe s’élargissait, cela accroîtrait automatiquement l’influence directe des Etats-Unis. A l’inverse, si les liens transatlantiques se distendaient, c’en serait finit de la primauté de l’Amérique en Eurasie ».

(5) Jonathan Steele, “Ukraine’s postmodern coup d’etat. Yushchenko got the US nod, and money flooded in to his supporters”, THE GUARDIAN, London, November 26, 2004.
Extraits: “Oranges can often be bitter, and the mass street protests now going on in Ukraine may not be quite as sweet as their supporters claim. For one thing the demonstrators do not reflect nationwide sentiments (...) Their traditions are not always pleasant. Some protesters have been chanting nationalistic and secessionist songs from the anti-semitic years of the second world war. Nor are we watching a struggle between freedom and authoritarianism as is romantically alleged. Viktor Yushchenko, who claims to have won Sunday’s election, served as prime minister under the outgoing president, Leonid Kuchma, and some of his backers are also linked to the brutal industrial clans who manipulated Ukraine’s post-Soviet privatisation (...) 
Countless elections in the post-Soviet space have been manipulated to a degree which probably reversed the result, usually by unfair use of state television, and sometimes by direct ballot rigging. Boris Yeltsin’s constitutional referendum in Russia in 1993 and his re-election in 1996 were early cases. Azerbaijan’s presidential vote last year was also highly suspicious. Yet after none of those polls did the Organisation for Security and Cooperation in Europe, the main international observer body, or the US and other western governments, make the furious noise they are producing today. The decision to protest appears to depend mainly on realpolitik and whether the challengers or the incumbent are considered more “pro-western” or “pro-market”. In Ukraine, Yushchenko got the western nod, and floods of money poured in to groups which support him, ranging from the youth organisation, Pora, to various opposition websites. More provocatively, the US and other western embassies paid for exit polls, prompting Russia to do likewise, though apparently to a lesser extent. The US’s own election this month showed how wrong exit polls can be. But they provide a powerful mobilising effect, making it easier to persuade people to mount civil disobedience or seize public buildings on the grounds the election must have been stolen if the official results diverge.
Intervening in foreign elections, under the guise of an impartial interest in helping civil society, has become the run-up to the postmodern coup d’etat, the CIA-sponsored third world uprising of cold war days adapted to post-Soviet conditions. Instruments of democracy are used selectively to topple unpopular dictators, once a successor candidate or regime has been groomed. 
In Ukraine’s case this is playing with fire. Not only is the country geographically and culturally divided – a recipe for partition or even civil war – it is also an important neighbour to Russia. Putin has been clumsy, but to accuse Russia of imperialism because it shows close interest in adjoining states and the Russian-speaking minorities who live there is a wild exaggeration. Ukraine has been turned into a geostrategic matter not by Moscow but by the US, which refuses to abandon its cold war policy of encircling Russia and seeking to pull every former Soviet republic to its side. The EU should have none of this. Many Ukrainians certainly want a more democratic system. Putin is not inherently against this, however authoritarian he is in his own country. What concerns him is instability, the threat of anti-Russian regimes on his borders, and American mischief (...)
The EU must also make a public statement that it sees no value in Nato membership for Ukraine, and those EU members who belong to Nato will not support it. At a stroke this would calm Russia’s legitimate fears and send a signal to Washington not to go on inflaming a purely European issue”.

(6) Diviser pour régner ou la « kleinstaaterei » : Frédéric Grimm étudie la politique impérialiste de la France dans l’Allemagne de la guerre de Trente Ans, ce qu’il appelle « Le testament de Richelieu ». Le Cardinal de Richelieu est le Premier ministre de la France au moment où la Guerre de trente ans ravage la Mittel Europa. Son but est d’assurer à la France des Bourbons la domination en Europe en neutralisant l’Allemagne et l’Empire des Habsbourg, tant en Espagne qu’en Allemagne. Menant une politique cynique et opportuniste, Richelieu transforme une guerre de religion entre protestants et catholique en un grand embrasement dont la France sort victorieuse lors du Traité de Westphalie (1648). Sous prétexte de préserver les « libertés germaniques », la France impose le démembrement du Reich germanique en plusieurs centaines de micro-Etats non viables. La France, Etat unitaire, a ainsi assuré sa prédominance en Europe jusqu’au début du XIXeme siècle. L’historien allemand Frédéric Grimm évoque à ce propos dans son livre « LE TESTAMENT DE RICHELIEU » le concept de « kleinstaaterei ». 
La leçon n’a pas été perdue pour les Etats-Unis. Aujourd’hui, sous prétexte de préserver les droits des peuples – les nouvelles « libertés européennes » –, Washington impose la « kleinstaaterei » en Europe, dans les Balkans, le Caucase et en Russie même. Depuis 1943, les Etats-Unis théorisent et favorisent le démembrement et la fragmentation des grands états. En 1945, Morgenthau, conseiller de Roosevelt, prône le morcellement de l’Allemagne et sa désindustrialisation. La partition de fait en résulte. On ignore souvent que Staline était opposé à la division de l’Allemagne et proposa jusqu’en 1948 une Allemagne unifiée et neutre. Ici la géopolitique se rapproche du courant « réaliste » des relations internationales, dont un des fondateurs le plus célèbre est Hans J. Morgenthau, dont elle partage nombre de postulats 
Depuis 1989, les Etats-Unis multiplient leur soutien à l’éclatement des Etats dans les Balkans et en Europe orientale. L’éclatement de l’Union soviétique et de la seconde Yougoslavie en résultent directement. Une nouvelle étape a vu avec la défaite du Président Milosevic – dans des conditions identiques à celles de l’Ukraine d’aujourd’hui – le démembrement de la troisième Yougoslavie née en 1991. Et Brzezinski vise enfin au démembrement non seulement de la Fédération de Russie mais aussi de la Russie historique elle-même en trois entités. 
C’est là qu’intervient Huntington, avec sa théorie du « Choc des civilisations », qui n’est pas seulement une machine de guerre contre le monde Arabe mais aussi et surtout contre la Grande-Europe, et dont le rôle est de fournir des justifications historiques à cette politique. Comparer la vision géopolitique de l’Europe de Brzezinski à la théorie des aires de civilisation de Huntington est à ce sujet éclairant. 
Il convient enfin de dresser un autre parallèle : celui des thèses de la géopolitique nazie - dont le principal théoricien fut Alfred Rosenberg, l’auteur du « MYTHE DU XXEME SIECLE » – avec les projets des Etats-Unis en Europe. Le même plan est appliqué que ce soit dans les Balkans ou contre la Russie. Et les alliés privilégiés actuels de Washington étaient ceux du IIIeme Reich entre 1935 et 1944. Rosenberg faisait de l’Ukraine et de son détachement de l’orbite russe la clé de la domination nazie en Europe. Nul novi sub sole …

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