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ETUDES
DE LUC MICHEL


ETUDE IDEOLOGIQUE
EXTRAITS PUBLIES EN DECEMBRE 2006
"LA CAUSE DES PEUPLES" - N° 31

DEMOCRATIE DIRECTE, SOLIDARITE SOCIALE,
GRANDE-EUROPE ET ANTI-AMERICANISME :
L’IDEOLOGIE RADICALE
DE LA REPUBLIQUE TRANSNISTRIENNE

Nous publions ici un extrait d’une longue étude de Luc MICHEL sur la « République moldave de Transnistrie » et son idéologie étatique, un sujet jamais abordé à ce jour dans les media occidentaux. L’Etude complète sera publiée courant 2007 dans « LA NATION EUROPEENNE/LA NAZIONE EUROPEA », la Revue doctrinale du Communautarisme européen, ainsi que dans « DEMOCRATIE DIRECTE » le bulletin du MEDD (Mouvement Européen pour la Démocratie Directe), directement intéressé puisque la « Pridnestrovie » est actuellement la seule expérience de Démocratie Directe – totalement occultée en Occident – avec la Suisse.

On parle peu dans nos media aux ordres de la « République moldave de Transnistrie », « Pridnestrovie » ou PMR en Russe, état auto-proclamé à la suite d’une guerre d’indépendance contre la Moldavie et issue de la désagrégation de l’URSS en 1991 (1).

Une filiation que ne rejettent pas les dirigeants de Tiraspol, la Capitale (elle fut aussi la capitale de l’ex-République soviétique de Moldavie sous l’URSS, avant Kichinev), qui ont conservé pour leur république le drapeau et les armes de l’ancienne « République soviétique de Moldavie », dans un geste significatif (qui rappelle celui du Président Lukashenko, rétablissant les symboles du Belarus soviétique après qu’il eût mis un terme définitif à la dérive occidentale du Pays).

 

LA REPUBLIQUE DE TRANSNISTRIE :
UN ETAT SOUVERAIN

Le 1er décembre 1991, après plusieurs référendum où s’exprime déjà ce qui va devenir la Démocratie Directe de PMR, la Transnistrie proclame son indépendance avec pour capitale Tiraspol sur le Dniestr. De fait, celle-ci est mise en œuvre par une série de « congrès populaires » et de référendum dès août 1989 : l’autonomie de la Transnistrie est déclarée en septembre 1990 sous le nom de « République socialiste soviétique de Transnistrie moldave » et son indépendance comme PMR en décembre 1991.

Les autorités de Chisinau, où domine les thèses grande-roumaines de l’extrême-droite fascisante, répondent par la guerre et agressent le jeune état au printemps 1992. Ils s’y cassent les dents, la PMR récupérant notamment la ville de Bender sur la rive droite du Dniestr. Un armistice est signé au mois de juillet 1992.

Depuis, la PMR affirme son indépendance et possède tous les caractères d’un Etat (2). Même si elle ne bénéficie d'aucune reconnaissance internationale, la Transnistrie dispose de son propre gouvernement, dirigé par le président-fondateur Smirnov, de son administration et de sa législation. Ses ressources sont alimentées par la fiscalité appliquée aux entreprises installées sur place.

 

LA PRESERVATION DES ACQUIS SOVIETIQUE

D'après de nombreux analystes, et ici aussi comme au Belarus du Président Lukashenko, la PMR « constitue une survivance du système soviétique tant par le mode de gouvernement que par le système de régulation économique ».

Personnes et marchandises circulent librement entre les deux territoires. Par rapport à la Moldavie, le « pays le plus pauvre d’Europe » (classé cent treizième sur cent soixante dix-sept Etats dans le dernier indice du développement humain publié par le Programme des Nations-Unies pour le développement), où l’immigration est la seule échappatoire massive, le niveau de vie est très supérieur en PMR, la protection sociale supérieure, les études gratuites jusqu’à l’Université (l’Université de Tiraspol, trilingue, intégrée au système russe d’enseignement, est renommée).

Ainsi « l’école numéro 9 de Tiraspol, que l’on propose volontiers aux rares étrangers de passage de visiter, représente le modèle d’une école soviétique richement dotée : salles de sports, de danse, de travaux manuels. Dans les couloirs bien tenus, on trouve de grands panneaux à la mémoire de la « Guerre patriotique » contre le nazisme, en 1941-1945, mais faisant aussi hommage aux anciens élèves de l’école tombés en 1992, commentait RFI (17/03/2005). Il y a même une salle informatique (…) souligne avec fierté la directrice, Svetlana Alexandrovna Krupko. Elle affirme promouvoir les valeurs de tolérance et de multiethnicité auprès des élèves (…) Svetlana Alexandrovno ajoute ensuite un point beaucoup moins contestable : « 15 années ont passé. Une génération a grandi : ils considèrent que leur pays, c’est la Transnistrie, pas la Moldavie »»

 

POUR UNE « AUTRE EUROPE »

Comme tous les petits états qui tentent de s’imposer à la reconnaissance mondiale et qui sont nés d’une situation de détresse et d’urgence, les fondations de la République de Transnistrie sont fortement teintées d’idéologie.

La volonté affichée des dirigeants de Tiraspol et du Président Smirnov d’intégrer leur république dans la fédération de Russie fait souvent oublier les positions européennes de Tiraspol – qui rappellent celles de notre « Communautarisme européen » –, à savoir une Grande-Europe, eurasiatique, non limitée à la petite Union Européenne et dont l’horizon idéologique va de l’Atlantique à Vladivostok.

Sur le site officiel de la République, on fait en effet référence à une « Nouvelle Europe », qui est la nôtre, celle dont Jean THIRIART fut le prophète !

 

L’ANTI-AMERICANISME COMME AUTO-DEFENSE

L’anti-américanisme, compris comme un geste sain d’auto-défense, est très présent à Tiraspol. Comme s’en indignait récemment un de ces nombreux gauchistes ralliés à l’idéologie occidentale qui encombrent la politique européenne (3) : « Ils adoptent un ton très « gauche ». C’est ainsi que cet été Proryv ( le journal de la jeunesse « Smirnovienne ») appelait à la résistance contre l’impérialisme américain, en soutenant le prochain Forum Social Mondial au Venezuela ! Une idée qui n’a pas germé sur les bords du Dniestr mais a été sans doute inspirée par Nashi le mouvement « progressiste » pro-Poutine en Russie ».

Comme le « Front de la Jeunesse du Belarus » instauré par le Président Lukashenko et les militants russes de « Nashi » (les nôtres – le véritable mouvement national-bolchévique russe, à ne pas confondre avec les marginaux du PNB du provocateur Limonov, financé par Soros et les USA), la « Jeunesse Smirnovienne » développe en effet de saine positions idéologiques, proches des thèses nationale-communistes développées par le PCN. De ce point de vue, le thème de la lutte contre l’impérialisme américain, lié à celui de la nécessaire solidarité de tous les combattants anti-yankee, est une solide balise idéologique.

L’anti-américanisme est partagé par de nombreuses organisations de jeunesse. Ainsi le Mouvement de jeunesse « Breakthrough », qui supporte de façon critique le Président Smirnov, et qui a ouvert à Tiraspol la « Che Guevara High School », où les jeunes apprennent les « valeurs patriotiques » (au sens que le PCN donne à celles-ci) et sont préparés à affronter une éventuelle contre-révolution de couleur (à l’instar de celles organisées un peu partout dans la CEI à coup de millions de dollars occidentaux). « Nous voulons vivre ici, nous voulons nous battre pour nos intérêts et nous voulons être une République reconnue, la République de Transnistrie », affirme Elena Arshinova, un des leaders de « Breakthrough ». « Nous ne voulons pas être avec la Moldavie, Nous ne voulons pas être avec les USA. Nous voulons représenter nos intérêts transnistriens, sur notre territoire », ajoute-t-elle.

On n’est pas tendre à Tiraspol pour le double langage de l’Union européenne inféodée à l’OTAN et à Washington. Depuis le conflit de 1992, des « Forces de paix » mixtes, comprenant des soldats moldaves, russes et transnistriens, sont déployées sur la ligne de démarcation avec la Moldavie. Le ministre de PMR Valeri Letskai refuse de parler de retrait des troupes russes. « C'est de la propagande moldave », s'exclame-t-il. « Ici, il reste un millier de soldats de la XIVe armée, faiblement armés, tandis que nous pouvons mobiliser 40.000 hommes. En cas de conflit, c'est nous qui protégerions les soldats russes... Nous sommes prêts à reprendre la guerre : rappelez-vous qu'en 1992, nous avions aussi reçu le soutien de 10.000 volontaires cosaques de Russie. Les dirigeants moldaves se font beaucoup d'illusions sur l'Europe, mais jamais l'Europe n'osera attaquer de front une région russe. En cas de guerre, la Transnistrie serait un nouvel Irak ».

 

L’ESPERIENCE TRANSNISTRIENNE
DE DEMOCRATIE DIRECTE

Plus étonnant encore est l’instauration et la défense de la Démocratie Directe, conçue comme le « pouvoir du peuple ». Dans ce domaine, l’expérience de Tiraspol – où l’on fait souvent référence à la Démocratie directe suisse – est à suivre avec attention par tous ceux qui entendent apporter une alternative à la faillite générale de la particratie bourgeoise.

Présentée comme « la Démocratie directe en action à Tiraspol », l’institution centrale du « pouvoir du peuple » en Pridnestrovie est le « congrès de masse pour la Liberté ». Le quotidien TIRASPOL TIMES (4) présentait ainsi le 6e Congrès d’avril 2006 : « A Tiraspol, une énorme réunion de démocratie est devenue maintenant une institution annuelle. Elle réunit avec succès les fonctionnaires élus de tous les niveaux pour décider de l’avenir de la Pridnestrovie. Les Moldaves ont dépassé en nombre les Russes ethniques et ont été déterminés à aller de l'avant avec l'indépendance de la république. 660 représentants élus de tous les secteurs ont célébré la démocratie au Pridnestrovie en mars et avril, 2006, quand le pays a tenu son 6ème congrès national des députés de tous les niveaux.  Le congrès, qui s'est ouvert à Tiraspol le 31 mars 2006, a rassemblé les fonctionnaires élus de toute la république et de tous les niveaux : les conseils de village, et les conseils de la ville et du "rayon"(NDT : arrondissement), et les 43 députés élus du parlement national ».

Pour tous ceux qui connaissent l’arrogance hautaine de caste des parlementaires occidentaux, on notera l’esprit de totale égalité qui entend effacer toute différence d’échelon entre les élus de tous niveaux : « Un total de 660 législateurs a participé à cette "Fête de la démocratie", avec le droit de vote égal et le temps [de parole] égal pour chacun, chacun d’eux comme représentants des administrations au niveau national ou au niveau municipal et de district ».

 

LA PMR : UN ETAT TRANSNATIONAL

En totale opposition avec la propagande des media de l’OTAN, on notera aussi qu’il y a plus de Moldaves que de Russes. Ce qui n’étonnera d’ailleurs pas ceux qui connaissent vraiment la situation en Transnistrie et le rôle joué par Grigore MARACOUTSA, le n°2 moldave de l’Etat, qui est aussi l’architecte de la démocratie transnistrienne. 

On notera que la PMR est un état multilingue, où le moldave est une des trois langues officielles, et donc le seul état où la langue moldave (dialecte différent du Roumain et s’écrivant traditionnellement en cyrillique – le roumain, lui, ayant abandonné le cyrillique pour l’alphabet latin au début du XIXe siècle) est langue officielle (la Moldavie utilisant, elle, non pas le moldave comme le proclame faussement sa constitution, mais le roumain) (5).

Le refus du respect de la société multiculturelle par les autorités de Kichinev lors de l’effondrement de l’URSS, leur volonté d’imposer la seule culture roumaine a pesé lourd dans le soulèvement de la Transnistrie : « En juin 1990, le Parlement moldave vota une déclaration de souveraineté instaurant la primauté de la Constitution moldave sur tout le territoire, ce qui incluait la Transnistrie. Lorsque le Parlement moldave adopta l'utilisation de fait du Roumain comme seule langue officielle de la Moldavie, les Russo-Ukrainiens exprimèrent leur mécontentement (…) De plus, une éventuelle réunification entre la Roumanie et la Moldavie paraissait inacceptable pour les russophones, déjà bien prévenus depuis 1989 par la réintroduction de l'alphabet latin sur tout le territoire et la volonté moldave de sortir de l'influence soviétique. Aussitôt, les minorités russophone (de Transnistrie) et gagaouze (de Gagaouzie) réclamèrent l'autonomie de leur région ».

A noter que la constitution de la Moldavie fixe le cadre d'un Etat unitaire et ne reconnaît pas les minorités.

Par contre, l'article 26 de la Loi sur les langues reconnaît aux citoyens de la Transnistrie de choisir la langue d'enseignement pour leurs enfants : « Chaque citoyen a le droit de choisir librement la langue d'enseignement de ses enfants et l'Etat garantit ce droit inaliénable ». Il existe donc des écoles ukrainiennes et des écoles moldaves. Plus de 11.000 enfants, sur une population totale de 79.000 écoliers, seraient admis dans des écoles moldaves de la Transnistrie. Suite...

 

Suite...

 

DONNEES HISTORIQUES, NOTES ET RENVOIS :

(1) L’histoire de cette Etat autoproclamé remonte à l’effondrement de l’URSS. A la fin du XIXe siècle la partie orientale de l’antique province roumaine de Moldavie (La Roumanie actuelle est issue de diverses provinces, aux histoires divergentes, qui n’ont jamais formé d’unité étatique avant l’époque moderne), entre les fleuves Prout et Dniestr, s’appelait Bessarabie et faisait partie de l’empire Russe. L’actuelle Transnistrie – du nom roumain du fleuve Dniestr, le « Nistru » – n’en faisant pas partie et étant issue des territoires libérés des Turcs par le Maréchal Souvorov à la fin du XVIIIe siècle, qui fonda Tiraspol.

En 1918 la Grande Roumanie alliée de la France avait annexé ce territoire (mais pas la Transnistrie), qui allait être repris par l’URSS pendant la seconde guerre mondiale. Une partie de l’ancienne Bessarabie – avec la Transnistrie – devenait la Moldavie soviétique, tandis que le Nord (Bucovine) et le Sud (Dubrodjna, l’accès à la mer) était donné à l’Ukraine.

La Moldavie, majoritairement parlant un dialecte roumanophone avec de fortes minorités slaves, a proclamé son indépendance en 1991. Le roumain (et non pas le moldave comme le proclame faussement la constitution !) est devenu langue nationale et l’alphabet latin officiel, et les Transnistriens, majoritairement slaves en 1991 et utilisant l’alphabet cyrillique, s’en sont séparés, refusant la logique xénophobe des théoriciens fascisants de la Grande-Roumanie, avec le soutien de la 14e armée soviétique, au prix de violents affrontements faisant plusieurs centaines de morts notamment à Bender une enclave Transnistrienne sur la rive droite. Ils ont ainsi constitué leur « république » contrôlant une grande partie du potentiel industriel et la principale centrale électrique. Depuis le conflit est « gelé ».

On notera que l’agresseur était Kichinev, voulant annihiler le jeune état de PMR par la force et qu’il a subi une défaite cuisante.

L’Armée de la PMR est très forte, appuyée sur une industrie militaire de pointe. Elle garantit l’indépendance de la PMR, état pacifique et sans revendications territoriales. Et une nouvelle agression de Kichinev pourrait coûter cher aux dirigeants pro-occidentaux de la capitale moldave. « Une solution militaire apparaît cependant aujourd'hui totalement exclue. L'issue du conflit de 1992 a montré la vanité de l'épreuve de force pour mettre fin à la sécession », écrivait la Commission des Affaires étrangères, de la défense et de forces armées du Sénat français, à la suite d'une mission effectuée en Moldavie en 1999.

(2) La Transnistrie (en moldave : Transnistria; en russe: Пpиднecтpoвьe / Pridnestrovié) forme, à l’est de la Moldavie, un petit territoire de 4.163 km² (sept fois plus petit que la Belgique, mais deux fois plus étendu que le Luxembourg) entre les rives du fleuve Nistru à l'ouest (Nistru étant le nom du Dniestr en moldave et/ou en roumain) et la frontière ukrainienne à l'est. Le nom russe du est le nom officiel du territoire: la Pridnestrovskaïa Moldavskaïa Respublica (ou République moldave de Pridnestrovié). Pour sa part, le Conseil de l'Europe utilise la dénomination République moldave transdnistrienne.

La région, une république autonome autoproclamée, compte six districts (en russe et en moldave): Tiraspol, Dubossary (Dubasari), Rybnitsa (Ribnita), Grigoriopol, Kamenka (Camenca) et Slobodzeya (Slobozia). La ville de Tiraspol, dont la population est à majorité russo-ukrainienne, est la capitale locale. La Transnistrie a maintenant toutes les apparences d'un État, à l'exception de la reconnaissance diplomatique.

Le recensement de 1989 établissait la population à 546.400 habitants, sans la ville de Tighina (estimée alors à 130.000 habitants). On comptait alors 39,9 % de Moldaves, 28,3 % d'Ukrainiens, 25,5 % de Russes et 6,4 % pour les autres groupes ethniques.

Le dernier recensement, en date de l'année 2004, révélait une population de 555.347, incluant la ville de Tighina (ou Bendery). C'est le district de Tiraspol qui est le plus peuplé (211.800), suivi de Bendery (145.900). Selon le recensement de 2004, les Slaves sont majoritaires en Transnistrie avec 30,4 % de Russes, 28,8 % d'Ukrainiens, 2 % de Bulgares et 2 % de Polonais – pour un total de 63,2 % –, alors que les Moldaves ne représentent que 31,8 % et les Gagaouzes, 2 %. Les Moldaves demeurent fortement majoritaires dans trois districts : Comenca (63 %), Dubossary (89%) et Grigoriopol (76%).

Cependant, les communautés linguistiques vivent pour une bonne partie concentrées dans des villages où elle sont relativement majoritaires, localement. Ce sont les villes qui sont davantage hétérogènes : on y trouve généralement des Russes, des Ukrainiens, des Moldaves, puis des Gagaouzes, des Bulgares et des Polonais. Le Nord est davantage moldavophone et ukrainophone, alors que le Sud est russophone et ukrainophone. De façon générale, Russes et Ukrainiens préfèrent habiter les villes plutôt que la campagne.

(3) « Quelque part, sur les rives du Dniestr », par Bernard Dreano, du « Centre d’étude et d’initiative de solidarité internationale » (Cedetim), co-président du réseau « Helsinki Citizens’ Assembly ». Ce texte est paru dans POLITIS n°869, 29 septembre 2005.

(4), (7), (8)Direct democracy in action Tiraspol”, Published on PRIDNESTROVIE.NET: http://pridnestrovie.net

(5) La Moldavie actuelle marque l'extrême limite des conquêtes de Trajan en Dacie au début du IIème siècle de notre ère. Malgré les invasions – conclues avec l'établissement des Slaves au Vème siècle –, cette terre restera ancrée dans la latinité comme l'atteste d'ailleurs le nom de Roumains donné à ses habitants.

A partir du Xè siècle se forme, à l'est des Carpates, un nouvel Etat, la Moldavie, dont le territoire recouvre la Moldavie actuelle et la province roumaine du même nom. Ce pays connaît sa plus grande extension sous le règne d'Etienne le Grand (1457-1504) ; il résiste alors aux envahisseurs hongrois, polonais, tatars et turcs.

Au début du XVIe siècle, la Moldavie perd la maîtrise de son destin. Assujettie et démembrée, elle est pendant près de cinq siècles le jouet des rapports de force entre les grandes puissances de l'Europe centrale.

Elle accepte d'abord la suzeraineté ottomane tout en conservant son autonomie. A la fin du XVIIIe, une partie de la Moldavie passe sous la domination de l'Autriche et prend le nom de Bukovine. Une autre partie, à l'issue des guerres russo-turques, en 1812 se trouve annexée par la Russie et devient la Bessarabie.

En 1918, profitant de la guerre civile entre Bolcheviques et Gardes blancs tsaristes, la Bessarabie s'unit à la Grande-Roumanie.

En octobre 1924, le Gouvernement soviétique crée, sur la rive gauche du Dniestr (Transnistrie), la République autonome soviétique socialiste de MoldavieDont l’actuelle PMR est l’héritière légitime – afin de justifier ses prétentions territoriales sur l'ensemble de la Bessarabie, avec Balta comme capitale, puis, à partir de 1929, Tiraspol. Avec une superficie de 8.432 km² (aujourd'hui : 4.163 km²), cette nouvelle république « autonome » de Moldavie ne disposait pas de débouché sur la mer Noire, mais elle en avait dans le cadre de la république d'Ukraine. Sa population comptait alors 500.000 habitants.

La Bessarabie est récupérée en 1940 par l'URSS. En 1940, la RASSM fut rattachée à la République socialiste soviétique de Moldavie (RSSM). Sa capitale devint Kichinev.

Le problème actuel de la Transnistrie découle directement de cette création par l’URSS, en 1940, d’une entité hybride, la République soviétique socialiste moldave (RSSM). Celle-ci fut constituée à partir de l’union artificielle entre la Bessarabie – qui venait d’être reprise par l’Union soviétique à la Roumanie et amputée d’un quart de son territoire – et la Transnistrie qui représentait alors 60 % de la « République autonome socialiste soviétique de Moldavie » (RASSM).

Reprise par la Roumanie fasciste du Maréchal Antonescu en 1941 – qui annexe la Transnistrie étendue jusqu'à Odessa en Ukraine et y fait régner une occupation semblable à celle de ses alliés nazis (la province devint notamment un lieu de déportation pour les Tsiganes et les Juifs de Roumanie, environ 300.000, dont plus de la moitié moururent de froid ou de maladie, ou furent liquidés par les troupes allemandes et roumaines)  –, elle est finalement rendue à l'Union soviétique en 1947 (traité de Paris de janvier 1947).

Le 27 août 1991, la Moldavie a déclaré son indépendance.

Aux hasards d'une histoire inconstante se sont ajoutés les aléas de la politique – rattachement du nord et du sud (débouché sur la Mer noire) de la Bessarabie à l'Ukraine (dont la population actuelle comprend ainsi une minorité moldave forte de 400.000 personnes) – et les déplacements de population : immigration massive de Russes, Ukrainiens et Biélorusses (environ 600.000 personnes depuis l'après-guerre).

La Moldavie doit, aux vicissitudes de son passé, la diversité de sa population (4,3 millions d'habitants), qui, aux côtés d'une majorité de roumanophones (60 %), réunit d'importantes minorités russophones d'origine ukrainienne (14 %) ou russe (13 %). Les principales villes Chisinau, Balti, Tiraspol sont majoritairement russes. Le développement économique du pays et l'urbanisation ont en effet, pour une large part, reposé sur l'immigration des populations russophones (les non-Moldaves représentaient avant l'indépendance 52 % de la force de travail industrielle, 57 % des cadres dirigeants et 68 % des cadres travaillant dans le domaine scientifique). Il faut aussi mentionner parmi les minorités, les Gagaouzes (3,5 %), concentrés dans le sud du pays et héritiers des Turcs chrétiens de la Dobroudja colonisés par la Russie au début du XIXe siècle.

« La langue russe occupe des positions socialement et économiquement décisives dans toutes les grandes villes de la Moldavie, y compris dans la capitale. La langue russe demeure la principale langue de communication entre les citoyens d'ethnies différentes dans toute la Moldavie, et elle jouit d'un prestige considérable. Même la langue moldave est très influencée par le russe (contrairement à la langue roumaine) », précise une étude le l’Université de Laval au Québec.

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