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ETUDES
DE LUC MICHEL


ETUDE IDEOLOGIQUE
EXTRAITS PUBLIES EN DECEMBRE 2006
"LA CAUSE DES PEUPLES" - N° 31

DEMOCRATIE DIRECTE, SOLIDARITE SOCIALE,
GRANDE-EUROPE ET ANTI-AMERICANISME :
L’IDEOLOGIE RADICALE
DE LA REPUBLIQUE TRANSNISTRIENNE

- suite -

LA PMR : UN ETAT TRILINGUE ET MULTICULTUREL

La PMR est donc en effet un état multinational modèle, trilingue (Russe, Moldave, Ukrainien) (6), où la citoyenneté – ici aussi dans une conception identique à notre « Communautarisme européen » et également issue directement de la théorie jacobine de la Nation politique – n’est pas basée sur la langue ou l’origine ethnique, un état politique dégagé des pulsions tribales, conçu comme une communauté de destin. « Des 660 délégués de ce sixième congrès, 307 députés représentaient les conseils urbains et de district -  tandis que 353 venaient des villages et des conseils ruraux. Les femmes, les minorités et la jeunesse étaient fortement représentées aussi. Les Russes ethniques composaient une minorité distincte. Des trois groupes ethniques principaux dans la PMR, les Russes étaient représentés avec seulement 137 députés. Il y avait 232 Ukrainiens ethniques et 250 Moldaves. Les 41 députés restants étaient des juifs, des Bulgares, Gagaouzes, des Polonais, Tatars et des représentants des nombreuses autres nationalités qui composent la Pridnestrovie multiethnique, le jeune pays qui prouve que le "Pouvoir au Peuple" n'est pas simplement une expression creuse mais une façon de vivre. En dépit de leurs différences de race, de milieu et de langues, tous se tenaient unis derrière un but simple qui, dans les mots d'un représentant  moldave, est décrit en tant que "Liberté" » (7).

La déclaration finale du « congrès de masse pour la Liberté » affirme avec force cette volonté de vivre librement dans une communauté de destin choisie : « nous qui sommes nés ici, nous demandons juste la liberté pour déterminer notre propre avenir. Nous ne voulons pas faire partie d'aucun autre pays ; que ce soit la Moldavie, l'Ukraine ou la Russie. Nous voulons le droit de décider librement comment vivre nos propres vies, sous nos propres règles et notre propre gouvernement » (8).

 

LE REFERENDUM DU 17 SEPTEMBRE 2006

Le 17 septembre 2006, Les habitants de Transnistrie se sont prononcés à 97,1% pour leur rattachement à la Russie lors d'un nouveau référendum.

La Moldavie avait fait savoir qu'elle ne reconnaîtrait pas les résultats de ce scrutin (sic), dénoncé également par l'Union européenne et les Etats-Unis, peu soucieux de légitimité démocratique lorsqu’elle ne sert pas les visées expansionnistes de l’OTAN à l’Est. On notera encore que l’OTAN organisait exactement au même moment des manœuvres (d’intimidation) aux frontières de la PMR, en territoire moldave. Et que les manifestations nombreuses organisées par les forces anti-OTAN de Moldavie, qui protestaient contre cette violation flagrante de la neutralité moldave (proclamée dans la constitution), ont été toutes interdites et réprimées. Où est la démocratie en cette fin 2006, à Kichinev où à Tiraspol ?

Piotr Denisenko, chef de la commission électorale de la PMR, a déclaré que 97,1% des électeurs avaient approuvé le rattachement de la Transnistrie à la Russie. Seuls 2,3% ont voté contre. Les électeurs étaient également appelés à dire s'ils souhaitaient abandonner le chemin entamé il y a seize ans vers l'indépendance. P. Denisenko a précisé que 94,6% des habitants de la région avaient voté contre l'union avec la Moldavie. Deux questions ont été soumises à référendum : « Soutenez-vous la politique d'indépendance de la République moldave de Transnistrie et sa libre adhésion à la Fédération de Russie ? » et « Jugez-vous possible l'abandon de l'indépendance par la République moldave de Transnistrie suivi de son adhésion à la Moldavie ? ».

La Russie, elle, veut voir le résultat du référendum reconnu comme l'expression de la volonté démocratique de la région. Près de 79% des 390.000 électeurs ont participé au référendum. « Des centaines d'observateurs de la CEI et de l'Europe ont pu voir de leurs propres yeux le peuple de Transnistrie exprimer sa volonté », a déclaré le chef de la diplomatie russe S. Lavrov. Il ajoutait à l’adresse de Bruxelles : « il est douteux qu'il soit correct et politiquement perspicace de mépriser et, à plus forte raison, de ne pas respecter cette forme d'expression de la volonté du peuple ».

Les observateurs internationaux en Transnistrie ont signé une conclusion conjointe confirmant l'absence de violations des principes du suffrage universel, direct et égal. Les observateurs n'ont pas constaté de cas de pression sur les activités des institutions électorales de la part des organes du pouvoir d'Etat de la République moldave de Transnistrie et des autorités locales, indique la déclaration. Au cours du vote, la Transnistrie a respecté les principes des élections libres et équitables, le principe d'ouverture du référendum, les informations le concernant étaient ouvertes à toutes les personnes intéressées, selon les observateurs.  Le référendum a été suivi par plus de 130 observateurs internationaux des pays de la CEI (Communauté des Etats indépendants) et d'Europe occidentale (dont une forte délégation du PCN et du MEDD, venue de France, Belgique et Italie).

« Grâce à la Russie, la paix et la concorde interethnique règnent depuis plusieurs années dans la région, tous les habitants de la Transnistrie, indépendamment de leur nationalité, ont une mentalité pro-russe », a déclaré Igor Smirnov, président de la République de Transnistrie. « Le référendum qui s'est tenu dimanche dernier a constitué la fin logique des épreuves tragiques et des blocus de toute sorte, économique et informationnel, ainsi que d'autres défis et menaces que nous avons subi ces dernières années. Le peuple de la Transnistrie s'est déterminé et voit son avenir dans une alliance avec la Russie », a-t-il affirmé lors d'une conférence de presse à Moscou. « Nous optons pour la Russie. La Russie a toujours été présente sur notre sol, depuis la formation du premier Etat sur ce territoire. La capitale de notre république a été fondée par Souvorov » (célèbre maréchal russe ayant mené des guerres victorieuses contre la Turquie à la fin du XVIIIe, ndla). « Je suis sûr que le choix que notre peuple a fait le 17 septembre a été correct. Notre peuple s'est montré assez sage pour préserver son identité », a ajouté le président de la république autoproclamée.

 

L’ADHESION DU PEUPLE A LA REPUBLIQUE

L’adhésion de la population, toutes ethnies confondues (et où les mariages mixtes sont majoritaires), à l’idéologie de l’Etat de PMR est une constante. On se rappellera qu’en mars 1995, les habitants de Transnistrie votaient déjà à 81% en faveur d’une nouvelle Constitution indépendantiste. Ce même jour, 93,3% de la population (qui comptait tout de même alors 40% de Moldaves) se prononçaient en faveur du maintien des troupes de l’armée russe sur le territoire transnistrien.

Les partis politiques et les ONG de la république autoproclamée de Transnistrie, toutes tendances unies, ont remercié les citoyens pour le choix en faveur de l'indépendance et d'une alliance avec la Russie lors du référendum du dimanche 17 septembre : « Le 17 septembre, nous avons accompli notre choix : vivre dans un Etat indépendant et édifier des rapports avec la Fédération de Russie. Nous autres, représentants des partis et associations publiques, nous exprimons notre reconnaissance à notre peuple pour la responsabilité, le patriotisme et la fidélité dont il a fait preuve au nom du bien-être de chaque famille et des générations à venir. Ensemble, nous parviendrons à la reconnaissance de notre république », peut-on lire dans le message des partis politiques et des ONG au peuple de Transnistrie. « Malgré les déclarations de certaines organisations internationales dans lesquelles elles ont refusé de reconnaître les résultats de notre référendum et les exercices menés conjointement par les Etats-Unis et l'OTAN en Moldavie dans le but d'intimider les Transnistriens, les citoyens de la république ont manifesté leur unité et cohésion dans la lutte pour l'indépendance, ayant pris une part très active à la consultation populaire », relèvent les auteurs du document.

 

Luc MICHEL

DONNEES HISTORIQUES, NOTES ET RENVOIS :

(6) Dans l’affichage public, seul l’alphabet cyrillique est permis. La plupart des enseignes sont en russes, parfois en moldave, rarement en ukrainien. On pourrait dire que l'affichage public est à 70 % en russe, 20 % en moldave et 10 % en ukrainien. Quant à la signalisation routière, elle est en russe, en moldave, parfois en ukrainien.

La politique linguistique de la Transnistrie est définie en partie dans la Constitution de la Pridnestrovskaia Moldavskaia Respublica adoptée lors du référendum national du 24 décembre 1995; la loi constitutionnelle a été signée par le président de la République moldave de Transnistrie le 17 janvier 1996. La formulation de l'actuelle Constitution inclut les amendements présentés le 30 juin 2000 dans la Loi constitutionnelle no 310. Mais la politique linguistique est surtout définie dans la Loi sur les langues de 1992.

Les articles 17 et 43 de la Constitution du 24 décembre 1995 proclament l'égalité entre tous les citoyens :

« Article 17

1) Chacun possède la liberté et des droits égaux devant la loi sans distinction de sexe, de race, de nationalité, de langue, de religion, d'origine sociale, d'opinion, de statut personnel et social.

2) Les bénéfices et privilèges peuvent être admis seulement s'ils sont conformes à la loi et ils doivent être compatibles avec les principes de la justice sociale.

Article 43

1) Chacun a le droit de préserver son appartenance ethnique, comme nul ne peut être forcé de nommer et d'indiquer son appartenance ethnique (…)

3) Chacun a le droit d'employer sa langue maternelle et de choisir sa langue de communication. »

Par ailleurs, l'article 1 de la Loi sur les langues de 1992 énonce les grands principes suivants:

« Article 1

La souveraineté des langues et les droits du citoyen

1) La République moldave de Transnistrie garantit la souveraineté de la langue du citoyen, indépendamment de son origine, statut social et fortune, de l'appartenance raciale et nationale, de son sexe, son éducation, sa religion, son emploi et autres conditions.

2) Chaque citoyen possède le droit naturel et juridiquement égal de choisir librement la langue des relations et de l'employer dans tous les domaines de l'activité sociale. 

3) Il est injustifiable de limiter les droits des citoyens dans l'usage de leur langue maternelle ou d'autres langues des peuples de la CEI dans les diverses sphères politiques et sociales. »

Voilà pour les grands principes. S'il est vrai que chacun a le droit d'employer sa langue maternelle, il reste à voir comment ces dispositions se concrétisent dans les faits. Le pouvoir de Transnistrie a proclamé trois langues officielles: le russe, le moldave écrit avec l’alphabet cyrillique et l’ukrainien.

En effet, l'article 12 de la Constitution déclare ce qui suit :

« Article 12

Les langues moldave, russe et ukrainienne ont le statut de langues officielles sur une base égale ».

De plus, la Loi sur les langues de 1992 déclare ce qui suit à l'article 3 :

« Article 3

Le statut juridique des langues

1) Sur le territoire de la République moldave de Transnistrie, toutes les langues possèdent un statut juridique égal et sont assurées de la sauvegarde et du soutien identique de l'Etat.

2) Le statut de langue officielle est de façon égale assigné au moldave, au russe et à l'ukrainien.

3) Dans les localités particulières, la priorité est donnée à chacune desdites langues définies par la République ou par décision de la collectivité locale ou par un référendum tenu dans la République ou l'unité administrative territoriale correspondante ».

L'article 35 de la Loi sur les langues prévoit que les trois langues officielles peuvent être utilisées en Transnistrie:

« Article 35 - Les médias

Les langues officielles des médias de la République moldave de Transnistrie (télévision, radio, journaux, revues, etc.) sont le moldave, le russe et l'ukrainien. Les langues des autres nationalités peut également être utilisées dans les médias ».

(7), (8)Direct democracy in action Tiraspol”, Published on PRIDNESTROVIE.NET: http://pridnestrovie.net

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